Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Une chaîne humaine en mémoire d’une résistante

Afin de collecter des fonds pour la restaurati­on de la tombe de Marie-Antoinette Cojean, grande résistante oubliée à Gouarec, 200 personnes ont pris part, hier, à une chaîne humaine.

- L’initiative Donovan GOUGEON.

« Excellent, excellent ! Je suis très content. » Pierre Le Dour en était presque ému au moment où le maire, Jérôme Lejart, a donné le top départ au sifflet. Les deux bouts se rejoignent à l’angle de la rue.

Le généalogis­te a réussi son pari, en lien avec l’associatio­n locale de sauvegarde du patrimoine, hier : réunir près de 200 personnes pour former une grande chaîne humaine à Gouarec, en mémoire d’une résistante oubliée : Marie-Antoinette Cojean. « Je me suis aperçu en 2021 qu’une tombe se dégradait au cimetière de Gouarec. J’ai creusé et trouvé qu’il s’agissait d’une grande résistance, peu connue ici, car ses faits de résistance se sont déroulés dans le départemen­t de l’Ain. » Elle a notamment participé à l’installati­on de la colonie d’Izieu, où des enfants juifs étaient cachés.

Apposer une plaque sur la tombe

Pour la sortir de l’oubli, et afin « de relever la tombe et d’apposer une plaque », est alors né ce projet un peu fou : réunir le plus de monde pour relier deux ponts, des communes de Laniscat à Plélauff, en passant par Gouarec. Et ainsi collecter des fonds. Sur les coups de 10 h 30, ce samedi matin, les personnes affluent. De Gouarec et aussi des communes alentour. Comme Jean- Pierre, de Saint- Gelven. « Je suis sensible à la

cause, c’est malheureux de laisser de côté des gens qui se sont dévoués pour que l’on soit là », explique- t- il.

Les bénévoles espacent les gens. « Allez, on est à dix mètres, même pas. » Il est 10 h 45, ça sent bon. Quelques derniers habitants se joignent. Sur 250 mètres, les bras se tendent, les mains se lient. « On a réussi », lance Pierre Le Dour. La chaîne humaine tient une bonne minute. Suivent des applaudiss­ements. « On est venus pour participer à une bonne action, lancent Christine et Claude, originaire­s du

Nord, installés depuis quatre ans dans le secteur. On apprend aussi à connaître ses voisins. »

Même la pluie a laissé place au soleil. « On voit que les citoyens de Gouarec, et pas que, se mobilisent pour rendre hommage. La Résistance marque toujours. Il y a une adhésion forte », se réjouit le maire, Jérôme Lejart.

Marie-Antoinette Cojean : bientôt le nom de l’école

Une cérémonie aura lieu au cimetière le 6 avril, 80 ans jour pour jour après la rafle de la colonie d’Izieu. « Il y aura sur la plaque un QR code, pour que les gens s’informent sur l’histoire de cette résistante », reprend Pierre Le Dour.

Et l’école publique de la commune, « qui n’a pas de nom », signale le maire, pourrait prendre le nom de MarieAntoi­nette Cojean. « On l’a proposé en conseil d’école et on vient de le valider en conseil municipal. Il faut maintenant que la direction académique accepte. Un courrier leur a été envoyé. » C’est donc toute une ville qui ressort de l’oubli une grande résistante.

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| PHOTO : OUEST-FRANCE La chaîne humaine en mémoire d’une résistante, à Gouarec, a été formée hier.

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