Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Les armes, éléments clés de la guerre en Ukraine

Deux ans après le début de l’agression russe, France 5 consacre une soirée spéciale à l’Ukraine, avec la diffusion de deux documentai­res édifiants sur ce conflit dévastateu­r.

- Propos recueillis par Salammbô MARIE.

Hugo Van Offel, coréalisat­eur d’Ukraine, le coût des armes.

Comment avez-vous commencé à travailler sur ce sujet ?

Dès le début de la guerre, on entendait beaucoup de chiffres sur les livraisons d’armes en Ukraine. Avec Martin Boudot, mon coréalisat­eur, on s’est rendu compte qu’on ne savait pas vraiment ce qui se cachait derrière. Comment ça fonctionna­it ? Quelles conséquenc­es cela pouvait- il avoir sur le pays et sur les industries qui envoyaient ces armes ?

Vous aviez déjà documenté le conflit ukrainien en 2014. Dix ans après, qu’est-ce qui a changé ? Ce que j’ai constaté sur le terrain à l’époque, puis en 2023, ce n’est que la continuité des ambitions de Vladimir Poutine. Il n’a jamais vraiment accepté la chute de l’Union soviétique et n’a de cesse de vouloir reconstitu­er cet empire, en grappillan­t des territoire­s. D’ailleurs, s’il remporte une victoire en Ukraine, il est probable qu’il s’attaque ensuite à un autre pays. On sait, par exemple, qu’il y a déjà une partie de l’opinion publique russe qui est favorable à l’invasion de la Pologne.

Quels sont les risques vis-à-vis des armes qui circulent ?

Pour l’instant, ce que nous avons constaté, c’est que le trafic d’armes est très réduit, puisqu’on est en pleine guerre. Donc, les armes servent sur le terrain. Le grand danger, finalement, c’est la fin du conflit, lorsqu’elles ne serviront plus mais fonctionne­ront toujours. On a déjà eu la leçon avec ce qui s’est passé dans les Balkans au cours des années 1990. En Europe, dans les années qui ont suivi la fin de la guerre, tout un trafic avait été mis en place. Donc on sait que ça existe et que le risque est là, même si

pour l’instant, il est contrôlé et qu’on anticipe davantage.

Dans votre documentai­re, la députée ukrainienn­e Oleksandra Ustinova affirme que le pays achèterait même des armes au diable… Cette citation m’a beaucoup marqué, parce qu’elle reflète la distance qu’il y a entre nous, occidentau­x, et eux, Ukrainiens. C’est-à- dire que nous, on voit les choses sous le prisme de nos grands principes, parfois un peu moralisate­urs. Mais eux, ils vivent dans une réalité qui est dramatique. Et face à elle, en tant que journalist­e français, je me suis trouvé un peu idiot, car je me suis dit qu’elle avait raison. Parce que c’est elle dont la famille, les cousins, les amis sont massacrés chaque jour. C’est la réalité de la guerre, qui s’affranchit de tout. Et pour sauver leur population, ils sont prêts à tout. Et c’est normal : je pense qu’on ferait la même chose à leur place.

Selon vous, quel sera le véritable coût de ces armes ?

Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’on vivait dans un monde où les armes étaient un peu en sommeil. Mais je pense qu’aujourd’hui, l’Europe et la France ont compris que les traités et les accords, lorsqu’on a en face de nous des brutes qui ne respectent rien, ça ne vaut pas grand- chose. Donc, je crois que la grande leçon à tirer du film, c’est qu’il faut que l’Europe se réarme. Pendant très longtemps, après la guerre froide, il y a eu une politique de désarmemen­t. Aujourd’hui, la tendance s’est inversée. Et, à défaut de se défendre, ça sert au moins à dissuader. Malheureus­ement, aujourd’hui, c’est devenu essentiel.

France 5, 21 h 05. Suivi de 20 jours à Marioupol, documentai­re nommé aux Oscars, à 22 h 15.

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| PHOTO : PLTV Hugo Van Offel : « Il faut que l’Europe se réarme. »

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