Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
DBruno Dumont installe « Star Wars » dans le Nord
Pour la vituosité d’Anamaria Vartolomei. Croisement improbable entre Dune et La soupe aux choux, L’empire, de Bruno Dumont, captive autant qu’il déconcerte.
Le douzième film de Bruno Dumont est une comédie fantastique de 2 h 16, présentée comme son Star Wars. L’histoire ? La reine et Belzébuth se livrent, depuis des années, à une guerre intergalactique. Mais cette fois- ci, le lieu du conflit a changé : des êtres hybrides mi-humains, mi- extraterrestres viennent de débarquer dans un petit village du nord de la France...
Le casting
Ce « Star Wars chez les Ch’tis » aurait dû réunir Adèle Haenel, Virginie Efira et Lily-Rose Depp. Et puis, Adèle Haenel a décidé de se retirer du cinéma (tout en dénonçant le contenu raciste et sexiste, à ses yeux, du scénario). Virginie Efira et Lily-Rose Depp ont eu des soucis de calendrier… Et le réalisateur de La vie de Jésus a dû changer une partie de son casting. Anamaria Vartolomei, Lyna Khoudri et Camille Cottin tiennent donc finalement les rôles féminins principaux du film au côté de Fabrice Luchini (qui retrouve Dumont après Ma loute). Comme d’habitude chez le cinéaste, il y a aussi de nombreux comédiens non professionnels originaires du nord de la France.
On aime…
L’interprétation d’Anamaria Vartolomei. On ne l’avait pas vue depuis
L’événement qui lui avait valu le César de la révélation en 2022. Et dans ce récit azimuté, elle est comme un phare dans la nuit, extrêmement cinégénique. La profondeur de son jeu teinté d’espièglerie en fait l’atout majeur du film. De tout le casting, c’est elle qui évolue avec le plus d’aisance dans les dédales de cette folle histoire.
On aime moins…
La trop grande cérébralité du projet. Bruno Dumont continue ici à creuser l’obsession qui irrigue tout son cinéma : la lutte du bien contre le mal. Et comme souvent, il nourrit ce combat mythologique de sa misanthropie assumée et de sa grande défiance envers la nature humaine. Mais
fLes chèvres !
Pour le duo de choc. Le début de l’histoire entre Dany Boon et Jérôme Commandeur remonte à 2008, quand le premier décide de produire et mettre en scène le spectacle du second et qu’il lui propose un rôle dans Bienvenue chez les Ch’tis. Mais Les Chèvres ! marque leur vraie première rencontre sur grand écran. Dans cette plongée au coeur du XVIIe siècle, on suit Dany Boon, qui incarne un avocat devenu la risée du barreau. Il pense avoir trouvé l’affaire de sa vie quand il découvre une certaine Josette, accusée à tort du meurtre d’un maréchal… Mais s’aperçoit rapidement que Josette est… une chèvre ! Face à lui, Jérôme Commandeur est un rival arrogant connu pour gagner tous ses procès. Les deux comiques semblent prendre plaisir aux joutes oratoires, mais le spectateur se sent un peu exclu. Le scénario souffre d’un manque de folie, de créativité et de vannes percutantes. Après Radin, Fred Cavayé confirme que contrairement à l’action (Pour elle), l’humour n’est pas son terrain de jeu idéal. (T. C.) contrairement à son dernier film en date, France, on retrouve ici peu d’émotions. Le film est très intellectuel, presque métaphysique, et ce côté cérébral empêche souvent le spectateur de rire ou de vivre des sensations.