Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Face à l’Italie, la renaissance par le jeu
6 Nations (3e journée). France - Italie, aujourd’hui (16 h). Peu inspirés et souvent brouillons, les Bleus doivent élever leurs curseurs sur le jeu offensif pour relancer la machine.
Lille (Nord). De notre envoyé spécial
La dernière fois que le XV de France a croisé la route de l’Italie, il avait proposé une orgie de jeu. C’était le 6 octobre dernier, à Lyon, pour son dernier match de la phase de groupes du Mondial. Charles Ollivon et consorts, emballants et inspirés, avaient débordé une Squadra Azzurra à l’agonie et inscrit la bagatelle de huit essais, pour un score fleuve : 60-7.
Depuis, chez les Bleus, la confiance de l’automne a laissé place aux doutes de l’hiver. Entre- temps, le rêve d’un sacre planétaire s’est brisé face à l’Afrique du Sud (28-29), dès les quarts. Et la machine s’est grippée.
« La France est dans le dur »
Après les deux premières journées du Tournoi – une défaite contre l’Irlande (17-38) et un succès face à l’Écosse (20-16) –, les Tricolores, sans saveur, semblent encore traîner leur spleen, notamment dans le secteur offensif. « Leurs copies sont en dessous de leur potentiel, note Olivier Magne, ancien troisième ligne international. Le traumatisme face aux Boks a laissé des traces. Le nier serait être aveugle. Mais on peut quand même espérer mieux de la part de cette équipe. »
Sur ses deux premières sorties, le XV de France – orphelin de sa charnière titulaire (Antoine Dupont, avec le 7, et Romain Ntamack, blessé) – a trouvé le chemin de l’en-but à quatre reprises. Mais il n’a jamais semblé en mesure d’imposer son rythme avec le ballon. Il a souvent tâtonné, sans style perceptible. « Cette équipe est dans
le dur, avance François Gelez, ancien ouvreur des Bleus. Dans ces conditions, c’est difficile de lâcher les chevaux. »
« Dès qu’on est dans le doute, tous les rouages en prennent un coup, analyse Patrick Arlettaz, adjoint de Fabien Galthié. On a tout le temps du retard et au haut niveau, c’est très préjudiciable. »
Cette panne de confiance a été criante, il y a deux semaines, à Murrayfield. Les coéquipiers de Gaël Fickou ont souvent manqué de créativité et de vitesse. Les essais en première main et les contres sur des ballons de récupération, atouts majeurs de cette équipe jusqu’au Mondial, sont devenus une denrée rare.
L’arrivée de deux nouveaux coaches avant ce Tournoi, Patrick Arlettaz pour l’attaque et Laurent Sempéré
pour la conquête, peut être un facteur d’explication. « Ils découvrent le niveau international, apporte François Gelez. Ils ont besoin de temps pour trouver des repères avec le groupe et mettre leurs idées en place. » Pour Olivier Magne, cet argument est recevable. Mais le XV de France ne doit pas se « réfugier » derrière : « Ce sont les joueurs qui sont sur le terrain. Ils doivent être capables de prendre des initiatives. »
De son propre aveu, le staff tricolore avait remisé les grandes envolées au placard après la déroute irlandaise, pour se recentrer sur les fondamentaux. « Quand tout est compliqué, on se tourne vers la défense, l’occupation et la conquête, en attendant des jours meilleurs », livre François Gelez.
Les éclaircies pourraient arriver aujourd’hui, dans un stade PierreMauroy au toit fermé, ce qui favorise les offensives. L’Italie, avec son profil de victime expiatoire, se présente à point nommé pour les Bleus. « Le XV de France doit être plus ambitieux et jouer plus vite les ballons de transition, affirme Olivier Magne. Il doit aussi davantage garder la possession. Se débarrasser du ballon au pied en permanence est contre-productif. Ce n’est pas comme ça qu’on reprend confiance. Face à l’Italie, c’est l’occasion idéale pour se rassurer. »
Changement. Blessé, Louis BielleBiarrey (9 capes) est forfait. Il est remplacé par Matthis Lebel (5) à l’aile.