Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Les Bleus ont tourné « la page des Mousquetai­res »

Victorieus­e de Taïwan, l’équipe de France lorgne l’or pour la première fois depuis 1997. De près ou de loin, les anciens vice- champions du monde savourent.

- Didrick POMELLE.

Il y a 27 ans, Damien Éloi était au centre du jeu, sous les projecteur­s de Manchester. De son séjour dans le nord de l’Angleterre, le Virois avait ramené une breloque argentée, amassée aux côtés de Jean-Philippe Gatien, Patrick Chila et Christophe Legoût.

Ce samedi 24 février, il a vécu l’instant dans l’ombre, au premier rang de l’immense salle du centre d’exposition de Busan, mais avait les yeux rivés sur chaque coup de raquette de Félix et Alexis Lebrun, chaque remise de Simon Gauzy. Exalté comme un gosse à l’issue d’une journée historique pour le ping tricolore. « Cette fois, on peut dire que la page des “Mousquetai­res” est définitive­ment tournée », savourait-il après coup.

« Les planètes sont complèteme­nt alignées »

Le sobriquet, affublé au quatuor doré de l’équipe de France dans les années 1990, n’avait pas trouvé de succession lors des génération­s suivantes. Si la bande des frères Lebrun n’a pas encore accolé de surnom à son épopée sud- coréenne, elle a bel et bien écrit une nouvelle page du tennis de table français. « On a eu des bonnes équipes de France depuis 1997, rembobine Damien Éloi. Mais ce qui se passe avec ce groupe dépasse tout. Il y a un engouement qui emmène tout le monde. Il n’y a qu’à voir les filles, qui décrochent le bronze et qui étaient au taquet dans

0les tribunes pour encourager les gars. C’est une année historique pour le ping, il faut la savourer. »

« Partout où je vais, on parle des frères Lebrun »

Plus jeune « Mousquetai­re » à la fin du XXe siècle, Christophe Legoût porte aussi la casquette d’oncle de la fratrie Lebrun. Ce samedi, il commentait la rencontre face à Taïwan pour la chaîne Twitch de RMC Sport. « C’est fou ce qui se passe ! Mais avec eux, on a l’impression depuis le début que ce moment va arriver. Pour aller au bout, il faut un peu de tout : les bons joueurs en bonne forme, un bon tableau et de la réussite à certains

La France n’a jamais remporté la médaille d’or lors des Mondiaux par équipes. Les Bleus ont atteint deux fois la finale par le passé, en 1948 et en 1997.

moments. Les planètes sont complèteme­nt alignées. C’est formidable pour le ping. »

Si le parallèle avec la génération 1997 est aisé, l’ex-14e mondial note une différence majeure avec l’engouement actuel qui entoure les Bleus. « À notre époque, on sentait l’effervesce­nce dans les salles où l’on venait jouer. Aujourd’hui, les réseaux sociaux décuplent tout. Partout où je vais, où mes enfants vont, on leur parle des frères Lebrun. » Et malgré les huit heures de décalage horaire, la grande famille du ping français vit intensémen­t le parcours de ses protégés depuis l’Hexagone.

Dans la nuit sud- coréenne, le téléphone de Nathanaël Molin a chauffé. Parmi les félicitati­ons reçues par le capitaine des Bleus, celles de plusieurs anciens de Manchester. « Même si on a les joueurs pour le faire, ça reste un exploit de leur succéder. Mais ce n’est pas fini, le groupe a encore faim », souffle l’entraîneur.

Reste que l’armada chinoise, même bousculée par la Corée du Sud en demie (victoire 3-2), demeure un morceau indigeste. « La Chine a les trois meilleurs mondiaux. Elle reste favorite, ce serait nier l’évidence de dire le contraire, admet Damien Éloi. Mais eux aussi perçoivent ce qui se passe autour de cette équipe de France. Ils constatent les performanc­es complèteme­nt dingues de Félix. Ce sont eux qui auront la pression puisqu’ils gagnent depuis vingt ans. » Aux Bleus d’emplir l’air de Busan d’un parfum de fin de règne.

Finale hommes : France - Chine, ce dimanche à partir de 12 h.

Cette finale mondiale, ça fait quinze ans que j’y crois. Alexis et Félix (Lebrun), je les ai vus naître. Avec cette équipe, on a le potentiel pour aller chercher les plus belles médailles mondiales.

Nathanaël Molin, capitaine de l’équipe de France de tennis de table.

 ?? | PHOTO : WTT ?? De gauche à droite : Nathanaël Molin, Jules Rolland, Lilian Bardet et Alexis Lebrun exultent après un point inscrit par Félix Lebrun (de dos).
| PHOTO : WTT De gauche à droite : Nathanaël Molin, Jules Rolland, Lilian Bardet et Alexis Lebrun exultent après un point inscrit par Félix Lebrun (de dos).

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