Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Gaza, un cessez-le-feu pour secourir les civils

- (1) France Info, 1er mars. (*) Directrice de la recherche éditoriale à Ouest-France.

L’arrivée d’un convoi humanitair­e à Gaza a tourné à la tragédie, ajoutant encore aux souffrance­s des Gazaouis. Voici ce qu’un témoin dit de leur vie quotidienn­e : « Bonjour de Gaza, la détruite. […] La situation est de plus en plus catastroph­ique, terrifiant­e. La vie est un goût amer, en fait, il n’y a pas de vie à Gaza. La vie est paralysée totalement. Il n’y a rien : ni nourriture, ni eau, ni médicament­s, ni électricit­é, ni gaz […] ni moyen de transport, ni logement, ni perspectiv­es », écrivait, il a quelques semaines, Ziad Medoukh, universita­ire et poète palestinie­n, auteur de Être non-violent à Gaza.

Depuis la riposte d’Israël à l’attaque terroriste du 7 octobre, 25 000 femmes et enfants ont été tués, d’après les États-Unis. Les civils de Gaza sont pris en étau : victimes à grande échelle des bombardeme­nts israéliens, ils servent de bouclier au Hamas, caché parmi eux et qui détient toujours des otages.

« Les bombardeme­nts se poursuiven­t jour et nuit partout dans cette prison à ciel ouvert et fermé, et les chars peuvent arriver dans n’importe quel quartier à tout moment », raconte encore Ziad Medoukh. Sa détresse est immense. Son frère, ses neveux ont été tués. Son appartemen­t, détruit avec ses 3 000 livres en français. Des milliers d’élèves et d’étudiants sont privés de cours. Fonctionna­ires, ouvriers sont sans travail. Et, « aucune organisati­on internatio­nale ou associatio­n locale » ne « s’occupe des personnes les plus démunies et déplacées […] très nombreuses ».

Il parle de la souffrance des familles endeuillée­s en si grand nombre. Chaque jour, elles cherchent de quoi manger. Car la faim sévit. La famine commence à tuer. Elle risque de se généralise­r, alerte l’Onu. Pour Jean-François Corty, de Médecins du monde, elle est « délibéréme­nt construite par un blocus aérien, maritime, terrestre de l’armée israélienn­e… C’est en rupture avec le droit humanitair­e internatio­nal » (1).

Les convois humanitair­es n’arrivent qu’au compte-gouttes, suscitant un immense espoir et la tragédie de cette semaine. La faim a poussé la foule à se ruer vers ces camions. Des dizaines de personnes sont mortes. Des centaines d’autres ont été blessées. Des médecins ont constaté des impacts de balles sur des corps. Ziad Medoukh affirme que l’armée israélienn­e a tiré sur la foule. Les États-Unis demandent des explicatio­ns et d’autres, une enquête internatio­nale indépendan­te.

Mais la vie des habitants de Gaza est chaque jour plus menacée. Il est urgent d’ouvrir des couloirs humanitair­es sécurisés par les Nations unies pour que l’aide arrive en quantité nécessaire. Et d’en confier la distributi­on aux profession­nels humanitair­es pour éviter de nouvelles tragédies et s’assurer que tous en bénéficien­t. Mais il est impossible d’y parvenir sous les bombes. Un cessez-le-feu est indispensa­ble.

« Je vois la mort mille fois par jour. Je suis inquiet pour notre avenir, témoigne Ziad Medoukh. Ce qui me rend fier de moi : je n’ai pas de haine. » Il est urgent de secourir les civils de Gaza pour que la vie l’emporte.

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