Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Arnaud et ses crêpes bretonnes ont conquis Séoul

Arrivé il y a une dizaine d’années en Corée du Sud, le Morbihanna­is Arnaud Laudrin a ouvert un bar à vin et crêpes qui cartonne. De passage en France, il a rencontré des élèves de son ancien lycée.

- Pierre BAYET.

De bon matin, Arnaud Laudrin s’affaire dans ses vignes de Guernalain, à La Chapelle-Neuve (Morbihan). Cette parcelle, il l’a achetée il y a cinq ans, avec l’objectif d’exporter son propre vin vers la Corée du Sud. Car c’est à Séoul qu’il s’est installé et a ouvert un bar qu’il a appelé Yec’hed mat (« Santé » en breton). « En Corée, les gens aiment manger lorsqu’ils boivent un verre. Yec’hed mat, c’est surtout un bar, avec toujours des crêpes parce que c’est la seule chose que je sais cuisiner » rigole- t- il.

« Une émission qui a buzzé » Le Breton vient de faire un retour d’un mois sur ses terres natales. Il en a profité pour travailler sur sa plantation, « toute petite, mille pieds seulement, de quoi produire dans le meilleur des cas une cinquantai­ne de bouteilles à l’année », détaille-t-il enthousias­te.

Les pousses, qui ont cinq ans, devraient permettre une production dès 2025. Son passage en France lui a aussi permis de revenir là où il a étudié. Il est retourné au lycée Jeanne d’Arc- Saint-Ivy, où il a passé son bac et son BTS négociatio­n et relation client. L’occasion d’évoquer son parcours atypique devant les lycéens d’aujourd’hui.

Car, même s’il s’en défend, il a acquis une petite notoriété en au Pays du matin calme. Si bien qu’à 35 ans, il a déjà été qualifié de « Français le plus connu de Corée », voire de « Beckham français ». Arnaud Laudrin rectifie : « J’ai juste participé à une émission de télé qui a un peu buzzé il y a huit ans. Mais je ne suis pas une star, personne ne me reconnaît dans la rue. »

Cette émission mettait en évidence

la vie des expatriés à Séoul. Un coup de pub décisif pour Arnaud qui est arrivé dans la péninsule sans parler la langue, ni compte bancaire garni. Il doit d’abord faire quelques apparition­s dans des pubs à la télé coréenne, il monte aussi un modeste stand de crêpes bretonnes sur un marché. Mais c’est bien ce passage à la télévision qui fait office d’accélérate­ur et lui permet d’ouvrir un vrai bar. Il a depuis tiré un trait sur l’aspect télé : « Cela ne m’intéresse plus. »

À Séoul, sa vie se partage entre son bar et la discothèqu­e qu’il a ouverte avec son épouse Yeon-Tung. Un rythme de chef d’entreprise, nocturne, peu compatible avec ses nouvelles envies. « Aujourd’hui, je veux prendre mon temps, me poser et avoir des enfants, confie-t-il. C’est pour ça que j’aime bien revenir en Bretagne. À chaque fois, je prends un shot de calme. » À terme, le couple se voit davantage partager son temps entre la France et la Corée.

« Pas prof de galettes ! »

« La Corée du Sud m’a accueilli, accepté comme je suis parce que les gens ont vu que je faisais des efforts, se remémore-t-il. Je kiffe ce pays, vraiment ! Je veux que mes futurs enfants soient fiers d’être Français en France et Coréens en Corée. »

Malgré son adaptation, Arnaud ne se voit pas comme un ambassadeu­r de la culture française mais « ça me fait toujours plaisir quand des gens viennent me parler de la Bretagne ». En revanche, il prévient : « Je ne suis pas professeur de galettes ! Si les gens veulent en savoir plus sur la culture française, je leur dis d’aller à l’ambassade… »

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| PHOTO : OUEST-FRANCE Le Morbihanna­is Arnaud Laudrin a profité de son retour en Francepour visiter ses vignes, qui devraient bientôt produire du vin qu’il vendra dans son bar à Séoul. Ici avec son épouse Yeon-Tung.

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