Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
La disparition du bocage breton s’accélère
Le Trégor n’est pas épargné, rappelait Nolwen Weiler, journaliste indépendante, lors d’un forum environnement à Cavan, hier.
160 km de haies ont disparu depuis vingt ans dans le Trégor. C’est le constat que dresse Splann !, média d’investigation breton, dans une enquête parue cette semaine.
Invitée pour participer à un forum environnement à Cavan, hier, Nolwen Weiler, journaliste indépendante et autrice de l’enquête, a pris la parole devant une centaine de personnes, résumant les révélations de l’enquête : « On observe une disparition du bocage en continu, qui s’accélère partout en France », entame la journaliste.
« Comme un glaçon dans l’eau chaude »
Une accélération des arasements de haies et de talus qui s’explique par plusieurs facteurs : la raréfaction des agriculteurs, en charge d’entretenir le bocage environnant leurs terrains, d’une part. Le modèle agricole actuel, aussi, qui encourage à agrandir les parcelles existantes. Les haies entre les exploitations sont alors rasées à blanc, ou laissées à l’abandon jusqu’à ce qu’elles dépérissent, « comme un glaçon dans l’eau chaude ».
Pourtant, ces éléments de paysages sont censés être protégés par diverses réglementations ; mais la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), qui en principe assure un rôle de police de l’environnement, souffre aussi d’un manque d’effectifs.
Dans la salle, un paysan trégorrois pointe aussi du doigt la difficile tâche que représente l’entretien du bocage, et les coûts cachés de cette mission. En moyenne, le Conseil général de l’agriculture (CGAER) estime que l’entretien des haies coûte 450 € par an et par kilomètre aux agriculteurs : « Si l’entretien du bocage revenait à l’État, je serais curieux de voir le budget accordé. »