Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Grâce aux animaux, Tiffany apporte du mieux- être

En 2022, l’ex- éducatrice spécialisé­e a décidé de réaliser son rêve, en créant son associatio­n Les 4 pattes d’la Hutte. Objectif : faire de la médiation par l’animal entre Saint-Brieuc et Loudéac.

- Soizic QUÉRO.

Snjor et Skald, deux chiens islandais âgés de 2 et 4 ans débordant d’énergie, accueillen­t les visiteurs en leur faisant la fête. « Ce sont deux frères », lance gaiement Tiffany Girodon, avec un petit cochon d’Inde, Gédéon, blotti au creux de ses bras. Gédéon, « car il a le poil rêche, comme une éponge ». Dans une main, une petite boîte avec des morceaux de gruyère. De gentilles munitions pour « gérer » les chiens. Sur son terrain loué depuis juin, à Saint- Julien, au sud de SaintBrieu­c, Tiffany Girodon, 34 ans, a pris ses marques. Tout semble très naturel pour l’ancienne éducatrice spécialisé­e, qui a changé de voie durant l’été 2022.

Si son premier métier, principale­ment en lien avec la protection de l’enfance et l’insertion, a été un vrai choix nourri, la Costarmori­caine, qui vit à Plouguenas­t, rêvait un jour de travailler « avec les animaux ». Mère instit et père ouvrier mécanicien, Tiffany Girodon a grandi au milieu d’amis à quatre pattes. « J’ai eu mon premier poney à 14 ans, Jaslem. Aujourd’hui, il a 28 ans et il pète la forme », souffle la cavalière, qui a commencé à monter « très jeune ». Chez elle, c’est le paradis pour les chiens, les chats et les cochons d’Inde.

Une associatio­n et de la médiation

La flamme était là, il suffisait d’une petite étincelle pour donner vie à son nouveau projet profession­nel : faire de la médiation par les animaux. La crise sanitaire a accéléré les choses.

« Avec six amis et anciens collègues, proches du monde associatif, social et animal, nous avons créé l’associatio­n Les 4 Pattes d’la Hutte. Nous avons commencé à faire de

l’itinérance en nous déplaçant dans les établissem­ents pour intervenir auprès des enfants, des personnes âgées… autour de l’axe Saint-Brieuc - Loudéac. Puis, l’idée d’avoir un terrain s’est rapidement imposée. » Tiffany Girodon, qui a créé en parallèle son autoentrep­rise, travaille pour le compte de l’associatio­n.

Quatre poneys, deux chiens, vingt cochons d’Inde, dix poules… « J’ai un petit troupeau », s’amuse la médiatrice, amoureuse de son nouveau quotidien. Sans routine. Au contact de différents publics. « J’ai suivi une formation dans un institut reconnu, où j’ai obtenu un titre profession­nel. »

Sa première interventi­on en tant que profession­nelle, c’était auprès

des familles du centre social la Ruche, dans les quartiers ouest de Saint- Brieuc. Pour l’occasion, deux poneys, une dizaine de cochons d’Inde et un chien sont de sortie au bois Boissel. « Il fallait avoir les yeux partout, gérer le contact avec les animaux, les soins, le brossage. Les enfants en ont profité. »

À travers l’animal, parler de soi

De fil en aiguille, les séances s’enchaînent dans différente­s structures. « Plus de la moitié avec des jeunes, âgés de 7 à 21 ans, dépendant de la protection de l’enfance. J’interviens également auprès des relais petite enfance, des Ehpad (Établissem­ents d’hébergemen­t pour personnes âgées dépendante­s)… Sur notre terrain, on peut accueillir plusieurs publics. Avec les poneys, c’est plus facile. »

La médiation par l’animal présente des vertus à tous les âges. « Elle apporte de l’apaisement, du mieuxêtre chez les jeunes. Les enfants peuvent être très éparpillés, avoir du mal à gérer leurs émotions… On voit leur comporteme­nt changer, par exemple, avec un cochon d’Inde. Ils vont le prendre dans les bras, le cocooner, le caresser… On ne force personne, on propose et on s’adapte

Pas de question. De la patience. Observer. Accompagne­r. « On verbalise au fur et à mesure. À travers l’animal, il y a aussi un phénomène de transfert pour parler de soi en fonction du vécu de l’enfant et de ce qu’il projette. Des liens d’attachemen­t se créent. »

L’empathie, le bien- être animal… « On parle correcteme­nt aux animaux, déroule Tiffany Girodon. On peut travailler tellement de notions, comme l’apprentiss­age du consenteme­nt chez les adolescent­s. On part toujours de l’animal. » Et les choses évoluent positiveme­nt. Comme « cette fillette très introverti­e, qui n’osait pas prendre la parole en séance collective. Au contact du chien, elle a appris à dire des choses : donner la patte, se coucher… Progressiv­ement, elle plaçait sa voix, parlait plus fort. On mesurait aussi son évolution dans son attitude corporelle. Sur six mois, le changement a été fulgurant. On fait du thérapeuti­que et de l’éducatif. »

 ?? | PHOTO : OUEST-FRANCE ?? Tiffany Girodon, de l’associatio­n Les 4 pattes d’la Hutte, pratique la médiation animale avec ses deux chiens islandais, « Snjor » et « Skald », et « Gédéon », son cochon d’Inde.
| PHOTO : OUEST-FRANCE Tiffany Girodon, de l’associatio­n Les 4 pattes d’la Hutte, pratique la médiation animale avec ses deux chiens islandais, « Snjor » et « Skald », et « Gédéon », son cochon d’Inde.

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