Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Les Parisiens se rendaient en foule à la récolte des cerises

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Depuis le Moyen Âge, les coteaux bien ensoleillé­s et aux sols riches de la basse vallée de la Seine sont réputés pour la qualité de leurs cerises. Plus au nord, à Dieppe, les petits fruits rouges servaient (selon un ouvrage publié en 1877), « à rémunérer les bourreaux, dont c’était le droit de prendre, sur le lot de tous les vendeurs installés au marché, autant de poignées de cerises que chacun d’eux avait apporté de paniers. »

Vergers autour de Jumièges et Honfleur

Au début du XXe siècle, le Calvados (environs de Honfleur), la Seine-Maritime (boucles de la Seine) et l’Eure (autour de Gaillon et Louviers) figuraient parmi les principale­s régions françaises de production de cerises. Aujourd’hui, les vergers sont concentrés autour de Jumièges et de Honfleur. Il s’agit principale­ment de bigarreaux, à la chair ferme, croquante et sucrée, appartenan­t à différente­s variétés (napoléon, burlat, reverchon, marmotte, hedelfinge­n, guignes…).

L’ancêtre sauvage du cerisier est le merisier, un arbre dont le nom scientifiq­ue — Prunus avium — vient du fait que ses petits fruits font le régal des oiseaux (avium, en latin). Déjà présent au Néolithiqu­e sur notre territoi

re, le merisier est à l’origine des cerises douces, lesquelles se divisent en deux groupes : celles qui ont une texture ferme et croquante (les bigarreaux) et celles qui sont molles et

dont le jus rouge est très colorant (les guignes, utilisées pour le kirsch ou le guignolet, un apéritif sucré d’origine angevine). Les cerises acides, ou griottes sont, quant à elles, issues d’une autre espèce d’arbre sauvage, Prunus cerasus.

À l’époque médiévale, les cerisiers étaient cultivés dans les jardins. À partir de la Renaissanc­e, on commença à sélectionn­er des arbres aux fruits plus gros et plus sucrés, afin de répondre à la demande croissante des population­s urbaines.

Près de Paris, les nouvelles variétés envahirent les collines de Meudon ainsi que la vallée de Montmorenc­y. À la veille de la Révolution, 8 000 paniers de griottes de Montmorenc­y étaient acheminés chaque jour vers la capitale ; à la fin du XIXe siècle, l’arrivée du train amenait dans la vallée, chaque fin de semaine, des centaines de Parisiens venus déguster les petites griottes après les avoir cueillies aux arbres qu’ils avaient loués à l’heure !

Volupté et sensualité

La couleur rouge de la cerise explique qu’elle ait été associée au sang versé par le Christ sur la croix. Fruit du printemps, la cerise offre un avantgoût de l’été : c’est pourquoi l’Église catholique en a fait aussi le symbole de l’Annonciati­on à Marie. En raison de sa couleur, la cerise deviendra plus tard synonyme de volupté et de sensualité : elle est le fruit des amoureux dévorés par la passion.

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| PHOTO : GETTY IMAGES/ ISTOCKPHOT­O Noires ou rouges, douces ou acidulées, en forme de coeur ou légèrement aplaties… Il existe des dizaines de variétés de cerises.

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