Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Yard Act envoie valser post-punk et angoisses
Le disque de la semaine. Sur son deuxième album, le groupe de Leeds, qu’Elton John adore, se réinvente en machine à danser. Un virage surprenant mais parfaitement maîtrisé.
En 2022, Yard Act se révélait, avec The Overload, la chronique parfaite des années Boris Johnson, en mêlant à la perfection un son post-punk dans l’air du temps et un sens certain de l’ironie. Une formule gagnante que le groupe s’échine aujourd’hui à fuir sur Where’s My Utopia ?.
Si James Smith, le chanteur du groupe de Leeds, continue de manier le sarcasme, il s’est adouci avec la naissance de son premier enfant. « Sur le premier album, je me permettais de porter des jugements, de blâmer les gens. Aujourd’hui, je me rends compte que ça ne sert à rien. On ne sait pas ce que chacun traverse… »
Une musique ouverte à tous les vents
Cette envie de se détendre s’entend tout au long de ce deuxième album surprenant. Tout n’est pas rose, loin de là, mais Yard Act a décidé d’en prendre son parti et d’ouvrir sa musique à tous les vents. Et James Smith de citer, parmi les influences de ce disque, résolument plus dansant « la french-touch de Daft Punk, Sophie Ellis-Bextor, The White Stripes, Manu Dibango et les bandes originales de Pocahontas et Charlie et la Chocolaterie. »
Un joyeux bazar construit dix-huit mois durant à travers six studios différents sous la houlette de Remi Kabaka Jr, producteur de Gorillaz. Il y a d’ailleurs, dans ce joyeux méli-mélo
musical, un peu du groupe cartoonesque de Damon Albarn.
Yard Act n’hésite pas à percuter guitares abrasives et boucles électroniques, scansion hip-hop et refrain pop pour offrir une musique directe et enthousiasmante, sans jamais céder à la facilité. We Make Hits (on fait des tubes), s’amuse le groupe sur l’un de ses titres. Attention, il pourrait bien y parvenir…
Ce cocktail réjouissant en désarçonnera peut- être certains. Yard Act
n’en a cure : « Je suis prêt à renoncer au succès commercial pour faire quelque chose de plus aventureux. Une musique qui ne nous enferme pas dans des cases », assure James Smith.
Il peut compter sur le soutien d’un fan- club prestigieux, de Cillian Murphy à… Elton John : « Il a un compte ouvert chez Rough Trade, un disquaire londonien. Il nous a découverts comme ça, dès notre premier EP. Il est venu ensuite en
studio enregistrer un titre avec nous. Il est toujours avide de nouveautés musicales. » S’il aime être surpris, alors sir Elton devrait adorer Where’s My Utopia ?. On parie qu’il ne sera pas le seul.
Where’s My Utopia ? (Island/Universal), 11 titres, 42 min. Yard Act sera en concert le 4 avril à Nantes, le 5 à Paris, le 6 à Bordeaux et le 12 à Lyon.