Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Yard Act envoie valser post-punk et angoisses

Le disque de la semaine. Sur son deuxième album, le groupe de Leeds, qu’Elton John adore, se réinvente en machine à danser. Un virage surprenant mais parfaiteme­nt maîtrisé.

- Philippe MATHÉ.

En 2022, Yard Act se révélait, avec The Overload, la chronique parfaite des années Boris Johnson, en mêlant à la perfection un son post-punk dans l’air du temps et un sens certain de l’ironie. Une formule gagnante que le groupe s’échine aujourd’hui à fuir sur Where’s My Utopia ?.

Si James Smith, le chanteur du groupe de Leeds, continue de manier le sarcasme, il s’est adouci avec la naissance de son premier enfant. « Sur le premier album, je me permettais de porter des jugements, de blâmer les gens. Aujourd’hui, je me rends compte que ça ne sert à rien. On ne sait pas ce que chacun traverse… »

Une musique ouverte à tous les vents

Cette envie de se détendre s’entend tout au long de ce deuxième album surprenant. Tout n’est pas rose, loin de là, mais Yard Act a décidé d’en prendre son parti et d’ouvrir sa musique à tous les vents. Et James Smith de citer, parmi les influences de ce disque, résolument plus dansant « la french-touch de Daft Punk, Sophie Ellis-Bextor, The White Stripes, Manu Dibango et les bandes originales de Pocahontas et Charlie et la Chocolater­ie. »

Un joyeux bazar construit dix-huit mois durant à travers six studios différents sous la houlette de Remi Kabaka Jr, producteur de Gorillaz. Il y a d’ailleurs, dans ce joyeux méli-mélo

musical, un peu du groupe cartoonesq­ue de Damon Albarn.

Yard Act n’hésite pas à percuter guitares abrasives et boucles électroniq­ues, scansion hip-hop et refrain pop pour offrir une musique directe et enthousias­mante, sans jamais céder à la facilité. We Make Hits (on fait des tubes), s’amuse le groupe sur l’un de ses titres. Attention, il pourrait bien y parvenir…

Ce cocktail réjouissan­t en désarçonne­ra peut- être certains. Yard Act

n’en a cure : « Je suis prêt à renoncer au succès commercial pour faire quelque chose de plus aventureux. Une musique qui ne nous enferme pas dans des cases », assure James Smith.

Il peut compter sur le soutien d’un fan- club prestigieu­x, de Cillian Murphy à… Elton John : « Il a un compte ouvert chez Rough Trade, un disquaire londonien. Il nous a découverts comme ça, dès notre premier EP. Il est venu ensuite en

studio enregistre­r un titre avec nous. Il est toujours avide de nouveautés musicales. » S’il aime être surpris, alors sir Elton devrait adorer Where’s My Utopia ?. On parie qu’il ne sera pas le seul.

Where’s My Utopia ? (Island/Universal), 11 titres, 42 min. Yard Act sera en concert le 4 avril à Nantes, le 5 à Paris, le 6 à Bordeaux et le 12 à Lyon.

 ?? | PHOTO : JAMIE MACMILLIAN ?? James Smith (au centre) et les membres de Yard Act passent l’épreuve du deuxième album avec audace.
| PHOTO : JAMIE MACMILLIAN James Smith (au centre) et les membres de Yard Act passent l’épreuve du deuxième album avec audace.

Newspapers in French

Newspapers from France