Quand Joël Dicker se joue des faux-semblants

Dans son septième roman, Un animal sauvage, l’auteur suisse s’attaque au paraître qui habille nos relations sociales. Avec à la clef un jeu de passe-passe intriguant, malin, qui tient ses promesses.

La jalousie, la cupidité, le voyeurisme, l’obsession… Les vices de l’être humain ne manquent pas. Et quel parfait terrain de jeu pour Joël Dicker.

C’est dans une banlieue cossue de Genève que se déploie Un animal sauvage, toute dernière histoire tissée par l’écrivain suisse aux vingt millions de lecteurs. Il y a d’un côté les Braun, couple resplendissant, vivant dans un écrin de richesse à faire pâlir d’envie. Difficile de ne pas succomber à la séduisante Sophie et à son mari, Arpad, le genre idéal. De l’autre, il y a les Liégean, ce couple en perdition qui manque autant de rêve que de piment dans sa vie. Greg est un flic en quête de sens et Karine, une mère fatiguée doublée d’une épouse lassée. Puis, en parallèle, il y a cet étrange cambriolage dont on ignore tout et dont l’auteur dissémine des indices au fil des chapitres.

Les éléments de réponse sont sous nos yeux, pourtant le mystère plane autour des uns et des autres. Et c’est parti pour 400 pages de noeuds au cerveau, découpées comme un compte à rebours, dont seul Dicker a le secret.

Jeu de masques et rebondissements

Un animal sauvage, publié dans sa propre maison d’édition Rosie & Wolfe, ne révolutionne pas le genre. Mais il tient ses promesses. L’auteur, qui n’a « jamais de plan en tête lorsqu’il écrit », s’amuse ici avec la patience de ses lecteurs et gratte

habillement le vernis qui habille les apparences, à coups d’allersretours entre les époques et les protagonistes.

On peine à dérocher de ce « page turner » bien ficelé, aux personnages terriblement attachants et aux pointes de romance bienvenues. D’une page à l’autre, malgré quelques

coups anticipables, Dicker souffle le chaud et le froid, plongeant le lecteur tantôt dans le réconfort, tantôt dans le malaise. Et c’est justement ce qu’on cherche en ouvrant un thriller psychologique.

Armé d’une plume efficace et accessible, Joël Dicker nous emporte dans un jeu de masques,

entre préjugés, intérêts et passions les plus sombres. Démontrant, s’il fallait encore le faire, que personne n’est jamais sans histoire.

Un animal sauvage, Rosie & Wolfe, 400 pages, 23 €. E-book : 16,99 €.

| PHOTO : A. ABRAR Joël Dicker a connu le succès grâce à son roman policier « La vérité sur l’affaire Harry Quebert », sorti en 2012.