Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
« Lorient et Rennes, deux très belles histoires »
Avant ce derby, le fraîchement retraité Fabien Lemoine (36 ans), joueur formé au Stade Rennais et passé par le FCL, a ouvert sa boîte à souvenirs et livré son analyse sur la situation des deux clubs.
Fabien, quand on vous parle d’un match Stade-Rennais - FC Lorient, qu’est-ce que cela vous évoque ? Forcément, pour ma part, cela a été deux très belles histoires. Je n’ai pas fait une carrière avec beaucoup de clubs donc j’ai des attaches partout où je suis passé. C’est le derby de ma région natale avec mon club formateur d’un côté, et puis Lorient, le club où j’ai terminé ma carrière en Ligue 1. Lorient a un petit truc en plus pour moi. Cela a été ma terre d’accueil pour mon après- carrière puisque j’y vis. J’ai trouvé tout un équilibre familial vraiment top.
Quel regard portez-vous sur la trajectoire actuelle des deux clubs ? Rennes, cela fait déjà un moment que j’ai quitté le club, mais il a vraiment pris une trajectoire ascendante. Il a su se tailler une renommée de très bon club européen avec des infrastructures de très haut niveau. L’ambiance dans le stade s’est également décuplée avec les différentes épopées en Coupe d’Europe contre Arsenal, Séville, Milan…
De son côté, Lorient est en train de vraiment progresser. Ils arrivent à attirer des joueurs de qualité qui ont un certain passé. Le club se permet des investissements beaucoup plus conséquents qu’à une certaine époque. Et cela est nécessaire s’il veut rivaliser. Le FCL travaille super bien avec un staff cherchant la stabilité. Ils avaient de l’ambition en début de saison mais ça ne s’est pas passé comme prévu. Ils avaient bien sûr l’objectif du maintien, mais je pense qu’avec la qualité de jeu vue l’an passé, il y avait l’ambition de finir un peu plus haut.
Êtes-vous surpris par l’évolution des deux clubs ? Franchement, Rennes a accéléré depuis 2019. En quatre, cinq ans, je trouve qu’il y a un cap qui a été franchi. Les Rennais sont taillés pour l’Europe. Si on revient dix ans en arrière, on se dit que Lyon avait plus de capacité que Marseille, Rennes, Monaco. Mais, aujourd’hui, le football a évolué et je trouve que Rennes a pris le bon virage.
Financièrement, ils sont bien équilibrés. On n’a jamais entendu que le Stade Rennais avait des dettes. Ils arrivent à vendre au bon moment. Ils sont capables de mettre sur la table des transferts à plus de 20 millions d’euros. Ce n’est pas rien. La grosse différence par rapport aux années passées, c’est qu’ils vendent au Real Madrid (Camavinga), à Chelsea
(Ugochukwu) au Bayern (Tel), à Manchester City (Doku)… Avant, ils vendaient à Lyon, Marseille, Lille et après, ces clubs-là vendaient aux grosses écuries. Les joueurs du Stade Rennais qui éclosent partent vraiment plus haut. Le prochain, qui est en plein rush, c’est Désiré Doué. Ça sent le prochain gros transfert rennais.
Lorient sort des joueurs de talent aussi, regardez Enzo Le Fée qui est arrivé à Rennes. J’ai joué avec lui à Lorient et il brille quand il est au coeur du jeu. Je trouve que c’est un très beau joueur. C’est un régal.
Quels sont vos souvenirs sportifs marquants avec les deux clubs ? Lorient, c’est clairement la montée de Ligue 2 à Ligue 1 (2020). Ce titre de champion après deux années à ne pas y arriver a fait du bien. Puis, il y a eu les deux maintiens où on est vraiment passé par la petite porte. Notamment la première année. À la trêve, on était largué avec seulement douze points. Tout le monde nous disait qu’on était mort, cramé. On fait trente points en deuxième partie de saison, c’était fou. On a vraiment été très bons dans le jeu. Ce sont des super souvenirs.
Puis, Rennes, c’était mon club formateur. Je me souviens de mon tout premier match en pro, en Ligue 1.
C’était contre Marseille, je fais une passe décisive et on gagne 3-1. On n’était pas dans notre meilleure passe et on affronte l’OM de Ribéry, Cissé, Nasri, la grosse équipe. Mes premiers matches, j’y mettais plein de fougue, d’intensité (rires), pas beaucoup d’expérience mais beaucoup de volume. Forcément, j’ai un énorme regret avec ce club, c’est la Coupe de France perdue contre Guingamp en 2009 au Stade de France (1-2). Gagner un titre avec son club formateur, cela aurait eu une autre saveur. Mais on a déjoué avec la pression.
Quelle importance pour vous a eu Lorient ? Au moment de votre signature, vouliez-vous vous donner un nouveau défi en Ligue 2 parce que vous aviez fait le tour en Ligue 1 ?
Je jouais moins avec Sainté, à 30- 31 ans. Il faut être honnête, il n’y a pas non plus eu foule pour s’attacher mes services. Je ne suis pas très patient donc je veux vite m’inscrire dans un projet. J’avais déjà eu des contacts avec le club en 2016. En 2017, je pouvais aller à Strasbourg qui vient de remonter en L1.
Mais, avec Lorient, il y avait l’adrénaline de la remontée en jouant tous les matches pour les gagner et non pas pour ne pas les perdre comme c’est le cas quand tu joues le maintien. Je me voyais bien dans cette équipe avec l’appel de la région pour ma famille. J’y ai passé cinq années vraiment top. Je me suis régalé.
Quel a été, à Rennes et Lorient, le joueur qui vous a le plus marqué quand vous y avez joué ?
À Rennes, à chaque fois je sors celuilà, c’est Mickael Pagis pour sa classe. Et à Lorient, je dirais que c’était Mattéo Guendouzi qui avait d’énormes qualités. Je trouvais que c’était quelqu’un de phénoménal.
Quel est votre pronostic pour aujourd’hui ?
Rennes est très performant en ce moment quand on voit ce qu’ils ont fait contre le Milan AC (3-2) ou le PSG (1-1)… Après, il y a toujours une fin à ces séries. Ils ont joué jeudi en Coupe de France (contre Le Puy- en-Velay). Lorient est sur une très bonne série, ils se relancent bien même s’ils ont été stoppés par Nantes (0-1). J’espère que ça ne va pas les impacter mentalement. Allez, je vois bien un bon match de Lorient donc je dirais 1-1. Et ça m’irait plutôt bien (rires).