Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
La Conf’ paysanne vide les rayons des produits frais
À l’appel de ce syndicat agricole, entre 130 et 150 agriculteurs bretons et ligériens, avec une trentaine de tracteurs, ont convergé, hier matin, vers l’hypermarché E.Leclerc dans le pays de Redon.
Si les manifestations et blocages ont cessé, la colère du monde agricole ne semble pas être totalement apaisée. En tout cas pas au sein de la Confédération paysanne. Hier matin, l’hypermarché E.Leclerc de Saint-Nicolas- de- Redon (Loire-Atlantique) a vu débarquer une trentaine de tracteurs depuis le Morbihan, l’Ille- et-Vilaine et la Loire-Atlantique, bloquant rapidement les entrées.
« Après avoir occupé le siège Lactalis (à Laval en Mayenne, le 21 février NDLR) », manifesté le 9 février devant le site du groupe Avril, à Bruz, près de Rennes, et « mis à l’arrêt la plateforme logistique Scaouest de SaintÉtienne- de- Montluc (fin janvier, en Loire-Atlantique, NDLR), il nous manquait une action envers la grande distribution pour boucler la boucle », note Sébastien Vétil, l’un des responsables bretilliens satisfait de ce rassemblement interdépartemental.
Leclerc dans le viseur
Pour les militants, choisir un point de vente de l’enseigne Leclerc était une évidence après les propos du président du groupe. « Michel-Edouard Leclerc a dit que ce n’est pas la loi qui fait les prix mais le marché, il va continuer à exploiter les paysans pour distribuer des produits à des
prix bas. Ça, on n’en veut plus ! », lance au micro Jean- François Guitton, secrétaire général ligérien.
Malgré les annonces du gouvernement, les revendications sont toujours là. « Le prix plancher, rémunérateur, on ne le veut pas uniquement pour le lait ou la viande mais pour toutes les productions. Il faut vraiment imposer le local et bio dans les restaurants scolaires pour créer une filière. C’est aussi comme ça que l’on permet aux agriculteurs de
vivre », souligne Sébastien Vétil.
Ces manifestants n’en resteront pas qu’aux discours dans le hall du centre commercial et annoncent vouloir parcourir les allées. La destination est toute trouvée : le rayon produits frais non sans attraper une casserole au passage pour faire du bruit. « Prenez tout ce qui est de chez Lactalis ! »
Rapidement les chariots de courses se remplissent de fromages, de yaourts, lait ou encore d’huiles sous le regard, mi- étonné mi-inquiet, des clients encore sur place à qui les militants ne manquent pas de faire la leçon en scrutant leurs achats. « C’est quoi ces tomates en mars ? Et ça, des avocats d’Israël ! ? ! » Direction les chariots également.
Tension aux caisses
La centaine d’agriculteurs se retrouve bloquée devant les caisses qui viennent d’être fermées. De manière isolée, la colère paysanne déborde, le ton monte contre des hôtesses encore en poste. La direction décide de laisser passer les chariots pour faire tomber la pression, mais pas question de les sortir du magasin. « On veut les apporter aux Restos du coeur », lancent les agriculteurs.
Des manifestants qui finiront par sortir de l’hypermarché, sans les chariots, mais maintiendront le blocus du parking une partie de l’après- midi « avant d’aller bosser ». À ce moment-là, décision est prise de fermer l’hypermarché.
« On comprend que leur situation n’est pas facile, mais est- ce que c’est une bonne idée de faire ça ? » s’interroge un couple de retraités surpris par l’action tout comme certains paysans qui, avouent- ils, étaient à l’origine « juste venus bloquer les entrées » de l’hypermarché.