Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
La coquille Saint- Jacques, pépite des
Elle doit son nom aux pèlerins qui se rendaient à Saint- Jacques- de- Compostelle. La coquille Saint- Jacques fait partie des mets préférés des Français.
Sur dix coquilles Saint- Jacques produites en France, sept proviennent de Normandie et, pour les deux tiers d’entre elles, de la baie de Seine. Cette vaste zone qui s’étend entre Barfleur et Le Havre abrite le plus gros gisement d’Europe. Depuis 2002, un Label rouge « coquille Saint- Jacques fraîche et entière » reconnaît la haute qualité de ce produit emblématique de la pêche normande. En Bretagne, le plus grand gisement naturel est celui de la baie de Saint- Brieuc (les « coquilles Saint- Jacques des Côtesd’Armor » bénéficient d’une Indication géographique protégée ou IGP).
Une odeur de sainteté…
Depuis le milieu du Moyen Âge, les pèlerins qui revenaient de Compostelle après s’être recueillis sur la tombe de l’apôtre Jacques avaient coutume d’attacher sur leur chapeau, habit ou besace, des valves de ce mollusque qui abondait sur les côtes de Galice. C’était la preuve du périple qu’ils avaient accompli jusqu’à la pointe occidentale de l’Espagne. La valve creuse servait aussi de récipient pour boire l’eau des fontaines et d’ustensile pour manger. Elle permettait également de recueillir les aumônes…
Mais pourquoi donc le disciple de Jésus s’était-il retrouvé en Espagne, à des milliers de kilomètres de sa terre natale ? Les Évangiles rapportent que Jacques était un humble pêcheur du lac de Tibériade : il répondit un jour à l’appel du Christ qui l’invitait à devenir un « pêcheur d’hommes ». Selon la tradition, Jacques partit alors évangéliser l’Espagne puis rentra en Palestine. Mais Agrippa Ier, le roi de Judée, le condamna à être décapité et le corps de l’apôtre fut enterré à Jérusalem. Ses anciens compagnons le récupérèrent et l’emportèrent avec eux sur une embarcation. Guidé par un ange, le frêle esquif parvint jusqu’en Galice. Après des journées d’errance à la recherche d’une sépulture, les porteurs déposèrent le cadavre sur une pierre : celle- ci se transforma aussitôt en sarcophage ! Huit siècles plus tard, un ermite averti par un ange suivit la direction indiquée par une étoile très lumineuse : il parvint jusqu’à la parcelle renfermant le tombeau de saint Jacques. Sur ce « champ de l’étoile », Campus stellae en latin, fut construit un premier sanctuaire puis une cathédrale. Le lieu devint la cité de Compostelle, aboutissement d’un des pèlerinages majeurs de la chrétienté.
La symbolique de la coquille
En raison des vingt-trois miracles que saint Jacques aurait accomplis à Compostelle, la modeste coquille se vit attribuer de nombreuses vertus protectrices et curatives. À leur retour, les pèlerins l’accrochaient dans leur logis, sur le mur des étables et dans les champs afin de tenir à distance la maladie, la sécheresse ou le gel.
Bien avant cela, dès l’Antiquité, la coquille Saint- Jacques avait symbolisé l’amour et la fécondité. Dans La Naissance de Vénus, un tableau peint en 1484, Botticelli a représenté Aphrodite/Vénus, la déesse de l’amour et de la beauté, surgissant des flots debout dans une coquille géante.
Dans la symbolique chrétienne, les deux valves du coquillage représentaient les deux préceptes majeurs : aimer Dieu plus que tout et aimer son prochain comme soi- même. Les côtes de la coquille, disposées en éventail comme les doigts de la main, désignaient quant à elles les « bonnes oeuvres » que devait accomplir tout chrétien. Dans les églises, nombre de tableaux et de retables montrent saint Jean- Baptiste versant, au moyen d’une coquille, de l’eau sur les personnes qu’il baptise : c’est pour cette raison que les bénitiers ont souvent la forme d’une Saint- Jacques.