Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

DDans les coulisses de la création du Boléro

Pour le décryptage. Deux heures pour raconter la naissance d’un morceau de 17 minutes qui a conquis le monde. C’est le pari réussi d’Anne Fontaine, doublé d’un intéressan­t portrait de Ravel.

- Pascale VERGEREAU.

Le générique. Bolero est le fruit d’un désir très ancien d’Anne Fontaine. Cette fille de compositeu­r a été marquée, dans sa jeunesse, par l’oeuvre de Ravel chorégraph­iée par Maurice Béjart et dansée par Jorge Donn. Dans cette libre adaptation de sa biographie par Marcel Marnat, l’ascétique musicien, à la fois fragile et intransige­ant, est interprété par Raphaël Personnaz. Jeanne Balibar joue la fantasque Ida Rubinstein ; Doria Tillier incarne Misia Sert, sa muse ; Emmanuelle Devos, la pianiste Marguerite Long, son amie.

L’histoire. En 1928, dans le Paris des Années folles, l’excentriqu­e danseuse Ida Rubinstein commande à Maurice Ravel la musique de son futur ballet. Elle réclame à son « p’tit Basque » « du charnel, de l’envoûtant, de l’érotique ». Il panique, procrastin­e, puis convoque ses souvenirs : sa mère adorée, son amour platonique pour Misia, la guerre, ses débuts difficiles, sa tournée à New York, sa découverte du jazz… Et finit par créer une envoûtante mélodie d’une minute, répétée dix- sept fois jusqu’à l’explosion finale, comme une métaphore de la vie.

La durée. 2 h.

Le genre. Biopic.

On aime…

La plongée dans les affres de la création. L’extrême attention portée aux moindres sons : le chant des oiseaux, le crissement d’un bas de soie sur la peau ou le cliquetis des machines d’une usine tout droit sortie du XIXe siècle. Raphaël Personnaz, dans le rôle de Ravel,

est convaincan­t, les décors sont aussi élégants que réalistes. Une partie du tournage s’est même déroulée dans la véritable demeure de l’artiste, à Montfort-l’Amaury. Une toute petite maison encore peuplée de ses objets, où il n’était possible de ne loger que sept personnes de l’équipe technique.

On aime moins…

La fin, qui traîne en longueur. Le film aurait gagné à s’arrêter net sur la première interpréta­tion, à Paris, du fameux Boléro qui rencontra un succès immédiat, mais que son auteur a toujours détesté.

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PHOTO PASCAL CHANTIER Jeanne Balibar dans le rôle d’Ida Rubinstein, qui commanda à Ravel la musique de son ballet « Le Boléro ».|

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