Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
DFerrari, un biopic qui tient la corde
Pour les vrombissements. Un portrait vibrant d’Enzo Ferrari en 1957, alors que le constructeur automobile fait face à des drames intimes et à la potentielle faillite de son entreprise.
À Hollywood, on appelle ça un « dream project ». Un film rêvé, une baleine blanche, une chimère qu’un réalisateur poursuit inlassablement. Réalisateur de quelques- uns des plus grands films américains des années 1990 et 2000 (Heat, Révélations, Ali, Collateral…), producteur de séries télé révolutionnaires (Deux flics à Miami), amoureux des bolides et fou de vitesse notoire, Michael Mann rêvait depuis trois décennies de raconter à l’écran la vie d’Enzo Ferrari.
La Mille Miglia
Ou plus précisément un moment charnière de la vie de l’industriel italien. Soit l’année 1957, quand le constructeur auto légendaire se retrouve à un carrefour de son existence. Alors qu’il est en deuil de son fils Dino, mort à l’âge de 24 ans, il cache à sa femme l’existence d’un autre enfant, qu’élève sa maîtresse. Ces tempêtes intimes se doublent d’une angoisse professionnelle, puisque son entreprise est menacée de faillite.
Il lance alors toutes ses forces dans la bataille des Mille Miglia, une course automobile à travers l’Italie, particulièrement dangereuse, où les voitures menacent à chaque instant de se transformer en tombeau pour ceux qui les conduisent…
Dépeignant son personnage dans toutes ses contradictions, Michael
Mann mêle l’ivresse du film de sport (les scènes de courses vous riveront à votre fauteuil) à une ampleur tragique tenant de l’opéra. Il est magnifiquement aidé par des comédiens habités, dont Penélope Cruz en épouse meurtrie et Adam Driver, qui donne à Ferrari la silhouette d’un grand seigneur italien, régnant sur un monde en sursis, où la quête de la beauté et de la perfection se teinte toujours d’une angoisse de mort. Un monde sublime et délétère, dont on comprend qu’il ait pu autant obséder celui qui le filme enfin aujourd’hui. 2 h 10. Sur Prime Video.