Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
L’excitante Réplique d’Olivia Ruiz
En trempant ses textes dans l’electro-pop, la chanteuse amorce un virage musical tout en gardant sa « féminine touch », signant un sixième album franco- espagnol particulièrement emballant.
Huit ans. Il a fallu huit ans à Olivia Ruiz pour donner une suite à sa carrière discographique, après À nos corps aimants, en 2016. Car entre-temps l’autrice, compositrice et interprète s’est découvert un nouveau talent, celui de romancière, publiant, coup sur coup, deux talentueux ouvrages à succès, La commode aux tiroirs de couleurs et Écoute la pluie tomber, où elle plonge dans son histoire, ses origines.
« Je pensais surtout à mon troisième bouquin, mais mon manager me poussait à refaire des chansons. Il me disait que grâce à mes livres, j’avais encore plus de matière. Il voulait que je parte m’isoler quelques jours avec deux musiciens que je connais bien, Vincha et Nino Vella. Je n’étais pas vraiment convaincue mais je me suis laissé faire. Nous sommes revenus avec six ou sept titres… »
« Un appel au corps »
Les disques naissent parfois de ce genre d’élan. Surtout, les deux complices d’Olivia Ruiz ont vite compris dans quelle nouvelle voie souhaitait s’engager la chanteuse. « Je ne voulais pas avoir la sensation de redite mais aller vers quelque chose de plus léger musicalement, tout en gardant une partie orchestrée avec les instruments que j’aime, par exemple le dulcimer. Donc, piocher dans ma culture electro pour avoir
cet appel au corps, quelque chose de viscéral, de chaloupé, avec des rythmiques très latines. »
D’autant que sur une majorité de ses chansons, la langue espagnole vient se mélanger au français. Si Olivia Ruiz avait déjà écrit des textes, d’autres sont nés spontanément au contact des compositions.
Des textes qui reflètent, une nouvelle fois, son regard sur le monde et ceux qui l’habitent. De l’immigration (À toi) aux catastrophes écologiques (La Pachamama) et aux violences faites aux femmes (Tu danses). Du regard maternel sur l’enfant (Le sel) au désir (La fièvre) et au chagrin d’amour (De la peau, des violons et de l’eau).
Et puis, il y a Tes silences : « Tu habites tant tes silences/Qu’ils en deviennent éloquents/Elle perçoit dans leur danse/La rumeur de ton carcan. » Comme un message adressé aux hommes : « Cette façon de s’enfermer dans le mutisme, de croire qu’on pourra résoudre les problèmes en se taisant. Refuser d’affronter me semble un attribut plus masculin que féminin. »
La chanteuse est bien dans La réplique, titre de cet opus. « La réplique du volcan, c’est l’effet inattendu, c’est le rebond. Et refuser d’être une réplique, c’est essayer d’être au plus près de ses valeurs, de ses convictions. »
Olivia Ruiz le décrit bien son nouvel album, celui d’une femme différente, convaincue, qui raconte et se raconte sur des musiques qui claquent, sans négliger les mélodies. Sur scène, elle l’annonce, ce sera « assez musclé ». Hâte de voir ça…
La réplique, Glory Box, 13 titres, 40 min.