Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
« Le XV de France doit revenir à des choses simples »
Pays de Galles - France, aujourd’hui (16 h). Depuis le début du Tournoi, les Bleus sont marqués par l’élimination précoce lors de la Coupe du monde. Pour combien de temps encore ?
Cardiff (Pays de Galles). De notre envoyé spécial
Depuis le début du Tournoi, la question escorte chaque sortie du XV de France : comment cette équipe, maîtresse de son sujet et sûre de ses forces jusqu’à la Coupe du monde, a-telle pu se liquéfier à ce point et se transformer en une formation sans inspiration et aussi fébrile ?
Un maillon de la machine tricolore semble s’être fracturé en octobre dernier, lors de la défaite en quart contre l’Afrique du Sud (28-29) d’un évènement planétaire dont les Bleus se dégageaient comme l’un des favoris. « Ce qu’on veut, c’est surtout tourner la page, martelait l’arrière Thomas Ramos, avant le début du 6 Nations. Si on bat l’Irlande et qu’on fait un bon Tournoi, on nous parlera moins du Mondial. »
« Il faut du temps pour recharger les batteries »
Les Français sont déjà passés à côté des deux objectifs fixés par le Toulousain. Et ils ne semblent pas avoir définitivement tourné la page de l’échec face aux Boks. « Une équipe qui n’a pas digéré une désillusion ne dégage pas de confiance, pointe Christian Ramos, psychologue du sport, passé par l’encadrement des Bleus (2006-2016). Bien souvent, les intentions des joueurs sont en décalage
avec les réalisations. Sur le plan du jeu, l’absence de sérénité, associée à une forte volonté de bien faire, peut se traduire par un manque de patience et d’efficacité. »
Des maux perceptibles sur les trois premières prestations françaises (une victoire, un nul et une défaite), avec seulement cinq essais inscrits. « Quand un joueur vit une grosse déception, il lui faut du temps pour recharger les batteries, notamment au niveau de la motivation, explique Florian Sanchez, préparateur mental de plusieurs sportifs, dont des rugby
men. Entre le Mondial et le Tournoi, je pense que la période a été trop courte pour se remobiliser et revenir sur la scène internationale. »
Grégory Alldritt, le troisième ligne et capitaine des Bleus, avait choisi de couper, loin des terrains, pour se régénérer mentalement et physiquement, avant de revenir début janvier. Comme les autres cadres de cette équipe, le Rochelais s’était beaucoup investi, depuis quatre ans, dans l’optique de soulever le Graal, à domicile. « Lors du Mondial, le XV de France est arrivé au bout d’un cycle collectif, poursuit Florian Sanchez. C’était le point culminant de son histoire entamée en 2020. Et il n’a pas assouvi son désir profond d’être sacré champion du monde. »
Un nouvel élan peut mettre du temps à arriver. Le staff tricolore va devoir trouver les ressorts pour remobiliser son groupe. Depuis quatre ans, ce dernier, sous la férule de Fabien Galthié, s’était construit grâce aux victoires, comme lors du Grand Chelem en 2022. Il doit maintenant apprendre à gérer les revers. « La confiance, qu’elle soit individuelle ou collective, ne doit pas uniquement se fonder sur des succès, avance Olivier Leprêtre, préparateur mental au Stade Toulousain. Le jour où ils ne sont plus au rendez-vous ou que l’équipe fait face à une grosse contre-performance, elle s’effondre. C’est peut- être ce qu’il se passe en ce moment. » « Le XV de France doit revenir à des choses simples, avec des objectifs accessibles, comme retrouver du plaisir », pense Florian Sanchez. Face au XV du Poireau – un adversaire qu’ils ont toujours battu depuis 2020 (cinq victoires, dont deux à Cardiff) –, les Bleus se présentent avec quatre néophytes et sept joueurs qui n’ont pas vécu le traumatisme automnal. C’est peutêtre l’occasion pour eux d’esquisser un nouveau chapitre.