Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
En pleine sécheresse, un projet de méga- golf
Près de Perpignan, les travaux d’un golf de 27 trous viennent de démarrer. Les opposants crient au « non-sens » dans un département où la pluie manque. Une manifestation a eu lieu hier.
« Ce serait vraiment débile de faire un golf alors qu’on n’a même plus le droit d’arroser notre pelouse ! » Au bord de l’un des deux lacs de Villeneuve- de-la-Raho, 4 500 habitants à six kilomètres de Perpignan (Pyrénées- Orientales), Guy et Maguy, deux retraités, prennent l’air avec vue sur le mont Canigou enneigé. Comme tout le monde ici, ils ont entendu parler du projet de méga- golf, dont les travaux de terrassement viennent de commencer, de l’autre côté de la route.
Un département « au régime sec »
« C’est comme ça qu’on détruit la planète », s’indigne Danielle, une habitante de Villeneuve. Mais elle reconnaît qu’une partie des habitants soutient le projet de golf, « car il va donner de la valeur à l’immobilier dans la commune ». « Et s’il crée des emplois, c’est une bonne chose», approuve Cyril, animateur.
Ce projet de 160 ha, 529 logements et ses 27 trous est un vieux projet porté depuis vingt ans par la maire LR, Jacqueline Irles. Les travaux ont été différés en raison de nombreux recours. Le préfet a prolongé, en décembre, la déclaration d’utilité publique (DUP). Un geste qui a pro
voqué une bronca des opposants, dans un département frappé par une sécheresse sans précédent.
Hier, plusieurs milliers de personnes ont marché contre ce chantier. « On a perdu 60 % de la pluviométrie ces trois dernières années, a expliqué à l’AFP Nicolas Garcia, élu communiste chargé de l’eau au Département. Il faudrait au moins 350 mm de pluie pour passer l’été. » Or,
depuis le début de l’hiver, Perpignan n’en a reçu qu’une cinquantaine et le préfet n’a cessé de renforcer ses mesures de restriction sur l’usage de l’eau. « Comment le préfet peut-il justifier cette DUP alors qu’il met l’ensemble du département au régime sec ? » s’est indigné, cette semaine, le responsable départemental des Écologistes, Nicolas Berjoan.
De son bureau immaculé, la maire
Jacqueline Irles n’en a cure. « C’est un projet avant- gardiste et précurseur, qui a anticipé le problème de l’eau dans notre pays. » Selon l’élue, le promoteur va investir 950 000 € pour traiter aux UV l’eau de la station d’épuration, qui sera utilisée pour arroser les greens.