Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Qui veut acheter un château et 600 ans d’histoire ?
Le château du Hénan à Névez (Finistère) est en vente 25 millions d’euros. Plus qu’une simple habitation, c’est un lieu chargé d’histoires anciennes et récentes.
« En exclusivité, château d’exception entre 15e et 18e, proche mer et port, sur près de 2 km de berges de rivière. Une rénovation spectaculaire pour ce bijou du patrimoine, 2 300 m2 de plaisir dont 1 100 m2 sur le bâtiment principal… » Cette annonce parue sur le site de Christie’s, c’est celle du château du Hénan, à Névez, petite commune du Finistère située non loin de Concarneau.
Montant pour cette demeure de rêve nichée sur les bords de l’Aven et du GR34 ? 25 millions d’euros. « C’est un prix de vente un peu plus élevé que d’autres châteaux de cette envergure, mais il s’explique par l’emplacement, la rénovation exceptionnelle et l’histoire du lieu », présente David Bilder, fondateur d’une agence immobilière spécialisée dans les biens de luxe à La Baule et affiliée au réseau mondial Christie’s International Real Estate.
« Ce n’est pas une restauration mais bien une reconstruction », précise en souriant Michel Alard, l’actuel propriétaire du château. Et pour cause : il a fallu traiter chaque pierre au chalumeau et en retailler plusieurs autres directement sur place. À l’image par exemple du linteau de l’une des cheminées de la « salle basse » aujourd’hui transformé en salle à manger : brisé, il a fallu le tailler sur
site, dans des boules de granit récupérées dans les champs alentour : « Il mesure 1m40 et pèse près de 2 tonnes 5 », souligne le châtelain.
Un travail de titan réalisé patiemment par des compagnons du devoir. Un exemple parmi tant d’autres car Michel Alard est un amoureux du patrimoine et avait à coeur de « bien faire les choses. Le ciment et les plaques de plâtre sont des matériaux interdits au château », assure-t-il non sans humour.
Vous ne trouverez en effet pas de faux plafonds au château du Hénan : les spots ont été intégrés directement au granit, tout comme les réseaux. « On a 12 km de fourreaux qui passent dans les pierres », rappelle ce Polytechnicien. L’objectif était « simple » : refaire non pas à l’identique – puisque le bâtiment a été maintes fois rénové – mais « à la manière » du Moyen Âge. « Nous ne sommes que de passage sur cette terre et donc gardien d’un patrimoine dépositaire
de notre histoire », explique-t-il.
Un souci du détail qu’il a poussé au point de redonner au château ses formes d’origine. « Nous sommes allés au- delà des demandes de l’architecte des bâtiments de France », confirme Michel Alard. Même la fameuse tour penchée, qui fait la renommée de l’édifice, a été refaite selon des techniques anciennes et en préservant cette inclinaison qui fait partie de l’histoire des lieux.
Pour autant, la famille ne souhaitait pas se priver du confort moderne : « On a une pompe à chaleur et le chauffage au sol par exemple. » Un exploit pour un bâtiment de cette taille et de cet âge qui a nécessité de créer un sous-sol complet en excavant à certains endroits le granit à l’aide de scies diamantaires. « En tout, le chantier a duré près de 5 ans, plus deux années de travail avec l’architecte. Nous avons eu près de 200 personnes à travailler ici dont 80 compagnons en simulta
né », détaille le Breton.
Outre le château avec ses huit chambres, ses trois bureaux et deux cuisines, le domaine compte également une miellerie, des écuries, une salle des fêtes, une grande maison d’invités indépendante, une chapelle ainsi qu’un ancien séchoir à lin entièrement rénové avec sa piscine naturelle dans le granit, « et tant d’autres merveilles peuplent ce lieu hors du temps… », précise l’annonce.
Un petit paradis dont souhaitent désormais se séparer les propriétaires. « Nous ne sommes pas pressés mais nous avons conscience que ce lieu demande un investissement constant. On aspire à autre chose dans les années à venir », témoigne Michel Alard. Une chose est sûre : sa prochaine maison ne devrait pas être un château. « J’ai passé ces 20 dernières années à rénover ce château. À presque 70 ans, je n’ai plus l’âge pour de tels travaux. »