Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

La moule, l’autre coquillage des côtes françaises

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Les Grecs, les Étrusques et les Romains de l’Antiquité mangeaient de grandes quantités de moules. Au IVe siècle, le poète Ausone évoquait avec enthousias­me « les moules […], mets délicieux qui plaît aux grands et qui coûte peu au foyer des pauvres ». Pourtant, au XVIIIe siècle, Duhamel du Monceau observe que les « moucles », abondantes sur les côtes bretonnes, « ne sont pas estimées » par les population­s du littoral. Ailleurs, il signale la délicatess­e des moules récoltées entre Honfleur et Le Havre et, plus encore, sur les rochers de Villervill­e (ces dernières sont transporté­es jusqu’à Paris).

Aujourd’hui, la plus grande partie des moules commercial­isées est issue de la mytilicult­ure. Cet élevage se pratique majoritair­ement sur « bouchots ». La technique, dont la première mention écrite date du milieu du XVIIIe siècle, est née dans la baie de l’Aiguillon, à la frontière entre la Vendée et la CharenteMa­ritime.

Sur l’estran (partie du rivage située entre la haute et la basse mer), sont alignés des pieux de chêne enfoncés profondéme­nt et sur lesquels sont fixées des grappes de moules. Selon la légende, ce système d’élevage aurait été découvert par hasard par

un certain Patrick Walton, un marin irlandais échoué dans l’anse de l’Aiguillon en 1235. Pour se procurer la nourriture nécessaire à sa survie, le naufragé aurait eu l’idée de planter dans la mer des pieux entre lesquels il tendit des filets destinés à attraper poissons et oiseaux marins. Il se serait alors aperçu que les pieux s’étaient couverts de moules qui avaient trouvé là des conditions favorables à leur croissance…

À la différence de la technique « sur filières » où les moules, fixées sur des cordes, sont immergées en permanence en pleine mer, les moules de bouchots sont émergées deux fois par jour, au rythme des marées. Les bouchots ont été installés au XIXe siècle dans la baie du Mont- Saint- Michel. Réputées pour l’abondance et la finesse de leur chair, ces moules bénéficien­t d’une Appellatio­n d’origine protégée (AOP).

Les autres zones bretonnes de production de moules sont principale­ment situées dans la baie de SaintBrieu­c, dans la rade de Brest et dans l’estuaire de la Vilaine. En Normandie, outre la baie du Mont- Saint-Michel, on trouve des élevages sur bouchots sur la côte ouest du Cotentin.

Au nord- est de la grande presqu’île, on pêche la « blonde » de Barfleur. Il s’agit d’une moule sauvage, répartie sur cinq gisements naturels, et dont le nom vient de la couleur dorée de la coquille (surtout chez les jeunes individus). La région normande est la première région française productric­e de moules d’élevage, devant la Bretagne.

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| PHOTO : KEVIN GUYOT / ARCHIVES OUEST-FRANCE Des moules cultivées sur des bouchots dans la baie du Mont-Saint-Michel.

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