Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
La route des Crêtes, chemin historique des Vosges
Randonnée. Aux confins de l’Alsace, ce sentier, créé lors de la Première Guerre mondiale, traverse le massif du nord au sud. En suivant le GR5, on accède à des paysages grandioses.
« Là, ce long trou qu’on aperçoit dans les sous-bois, c’est une tranchée de la Première Guerre mondiale », indique Céline Hetzmann, accompagnatrice en montagne. Dans le massif des Vosges, entre la commune du Bonhomme et la station du Lac Blanc (Haut- Rhin), la Tête- des- Faux recèle d’anciens champs de bataille, aux stigmates étonnamment visibles.
Parfois noyés sous la végétation, tranchées, trous d’obus, abris et fortins jalonnent le sentier qui monte à travers la forêt d’épicéas. Un sol cabossé, encore empreint de la présence des soldats, qui confère à ce paysage une atmosphère chargée d’émotion. « En 1914, chaque camp s’est positionné. Ici, c’était la zone allemande, un secteur barricadé qui a conservé de nombreux vestiges. » Comme la station de pompage de l’étang du Devin, le petit cimetière Rabenhühl ou encore une station de téléphérique.
Sur l’ancienne frontière
La station du lac Blanc offre une autre plongée dans l’histoire, tout aussi passionnante. En rejoignant le GR5, le chemin forestier qui gravit la crête atteint rapidement l’ancienne frontière franco-allemande, qui séparait les deux pays entre 1870 et 1918.
On la repère aisément, matérialisée par d’anciennes bornes de pierre, gra
vées d’un F pour Frankreich (France) et d’un D pour Deutschland (Allemagne), que viennent caresser des myrtilliers et des pins mugo. Cette « ligne bleue des Vosges », qui relie les plus hauts sommets du massif, offre un panorama exceptionnel sur le val d’Orbey, la plaine d'Alsace et la Forêt-Noire.
Mais un autre paysage remarquable apparaît bientôt le long du sentier : le gazon du Faing. La plus vaste tourbière des Vosges, autrefois exploitée, est aujourd’hui protégée. « Ici, le paysage change totalement, la forêt a disparu et nous profitons d’une vue dégagée sur le rocher du Tanet. »
Fleurie de gentianes et de pensées en été, magnifiquement orangée en automne, la prairie attire les marcheurs « pour la diversité de ses paysages et son chemin très accessible ».
« C’est le fenouil des Alpes, croqué par les vaches, qui donne au munster son goût si particulier. » À l’approche de la vallée de Munster, le fromage incontournable des Vosges se rappelle aux randonneurs au moment de traverser les chaumes.
À l’assaut du Hohneck
Ces prairies d’altitude, parsemées de marcairies (petites fermes), conduisent au Hohneck, le deuxième sommet du massif des Vosges. Elles y forment un immense pâturage, que les bovidés ne sont pas les seuls à apprécier. « C’est le meilleur endroit pour apercevoir des chamois. En automne, ils broutent en prévision de l’hiver, et au printemps, les jeunes sautillent partout. »
Un bel endroit également pour déguster les spécialités paysannes : roïgabrageldi (pommes de terre) et siasskass (fromage frais). Et, bien sûr, le fameux munster.