Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
L’aura de Norah Jones brille de mille feux
Ledisque dela semaine. La chanteuse, compositrice et pianiste revient avec un neuvième album lumineux. À écouter dès le réveil pour être sûr de passer une journée paisible.
On dirait que le temps n’a aucune prise sur Norah Jones. Son premier disque Come Away with Me avec ce titre Don’t Know Why, c’était hier, non ? Pas du tout. Cela fait déjà vingt- deux ans que ce disque jazzy a charmé nos oreilles. Il s’était vendu à 20 millions d’exemplaires.
Un démarrage trop rapide pour notre jeune artiste ? Non plus. Elle a conservé son âme d’enfant et son air juvénile au fil des albums. En enchaînant reprises et collaborations les plus éclectiques. Certes, on peut faire la fine bouche – sans faire la sourde oreille – sur sa discographie.
Entre jazz et soul vintage
Sur certains disques, elle a eu, parfois, le jazz un peu facile. Aujourd’hui, elle a 44 ans. On a toujours tendance à rappeler que son père était l’Indien Ravi Shankar, célèbre joueur de sitar. Mais la petite New-Yorkaise a été élevée par sa maman dans la banlieue de Dallas, au Texas.
Une mère qui écoutait du jazz, du blues et de la soul. À la maison, les voix de Billie Holiday et d’Aretha Franklin faisaient pleurer la peinture sur les murs.
Le reste, c’est comme une voie ferrée qui file tout droit à travers les États- Unis… Norah Jones a poussé ses cordes vocales très tôt, à l’âge de 5 ans, dans la chorale d’une église, elle a fait du saxo au collège, du piano ensuite. Et on arrive très rapidement au début des années 2000, la ren
contre avec le légendaire label Blue Note, le premier disque…
Son neuvième album ne porte pas le poids des précédents. Norah
Jones a cette fraîcheur dans la voix, elle livre un disque lumineux, nimbé de cordes électriques sages, d’un soupçon de cuivres et d’un piano aérien. Douze titres réunis sous le nom de Visions.
Norah Jones est très à l’aise sur ses terres jazz mais elle se laisse volontiers embarquer sur les mers d’une soul vintage. C’est l’oeuvre du producteur et multi- instrumentiste Leon Michels, le sorcier du renouveau soul. Il a joué avec (et relancé) les plus grands, de Sharon Jones à Lee Fields, fricoté avec la bande de Dan Auerbach et The Arcs.
Au milieu de la nuit
« La raison pour laquelle j’ai appelé l’album Visions, c’est parce que beaucoup d’idées sont venues au milieu de la nuit ou à ce moment-là, juste avant de dormir. Nous avons fait la plupart des chansons de la même manière : j’étais au piano ou à la guitare et Leon jouait de la batterie et nous jouions simplement sur des trucs. J’aime le côté cru, la façon dont cela sonne un peu garage mais aussi soul, parce que c’est de là qu’il vient, mais pas trop perfectionné non plus. »
Norah Jones aligne, tranquille, les pépites. Sans prise de tête. Elle chante qu’elle veut juste danser (I Just Wanna Dance), seule dans ses pensées, sans être perdue pour autant ( Alone with My Thoughts) ou que c’est la vie (That’s Life). Tout simplement.
Visions, Blue Note, 12 titres, 45 min.