Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Dehors, les gangs de la drogue

- (1) Ouest-France, 11- 3-24. (2) Le Monde, 22-9-23. (3) Les Échos, 23-2-22. (4) Le Monde, 28- 8-23.

Ils sont prêts à tout pour se remplir les poches, ces gangs de la drogue. Ils sont partis à l’assaut des villes paisibles. Ils terrorisen­t les habitants de quartiers entiers, bases de leur ignoble trafic. Ils vont même jusqu’à recruter des enfants à la sortie des écoles. Et ils sont de plus en plus violents.

Les règlements de comptes se multiplien­t. Comme cette fusillade à Rennes, une nuit de mars où une dizaine d’hommes avec des gilets pare- balles et armés jusqu’aux dents ont tiré pendant une heure : « On vit avec la peur au ventre, une balle a atterri dans la fenêtre de la cuisine », a dit une habitante (1).

Faudra-t-il ériger un monument aux morts de la drogue pour prendre conscience de ces drames ? Pour se souvenir du petit Fayed, 10 ans, tué par les tirs d’un règlement de comptes à Nîmes ? Ou de Socayna, 24 ans, fauchée par une balle perdue alors qu’elle étudiait paisibleme­nt dans sa chambre à Marseille ? Et de tant d’autres ?

« Le niveau de la menace est tel que l’on détecte des risques de déstabilis­ation de notre État de droit », a déclaré Laure Beccuau, procureure de Paris au Monde. La venue à Marseille du président de la République, du garde des Sceaux et du ministre de l’Intérieur montre la gravité de la situation. Les opérations « place nette » sont nécessaire­s. Mais elles ne suffiront pas à mettre fin à ces trafics qui se développen­t au su et au vu de tous.

Des maires ont demandé un plan national et européen pour éradiquer ce trafic meurtrier, dénonçant « un véritable système qui sert une véritable économie » (2). Sait- on que la France est « le premier pays européen de consommati­on de drogue ? On compte 900 000 usagers de cannabis et 600 000 prennent de la cocaïne au moins une fois par an », a affirmé Stéphanie Cherbonnie­r de l’Office antistupéf­iants (3). Sait- on que les Français ont dépensé « en 2020, 4,2 milliards d’euros pour s’approvisio­nner en cannabis, héroïne... » (2) ?

Où sont les grandes campagnes de prévention contre la drogue ? On le fait bien contre le tabac. Elles permettrai­ent d’éviter que des personnes ne tombent dans le piège de la drogue. Cette prison qui isole et détruit, ce sel noir de l’absence. Pour cela, il faut en finir avec la complaisan­ce qui entoure la drogue.

Ces consommate­urs ont-ils conscience que leur argent nourrit une économie criminelle, esclavagis­te et meurtrière, parfois même reliée aux réseaux terroriste­s ? Ils « sont les premiers maillons des trafics. C’est l’argent qui […] permet aux points de deal de se maintenir. Plus il y a d’argent, plus le point de deal […] peut se permettre d’armer des équipes de tueurs. C’est l’argent qui finance le système et sa pérennité. Et l’argent sort de la poche de qui ? », a dit Frédérique Camilleri, préfète de police (4).

Chassons les gangs de la drogue et ne leur donnons aucune prise. Sinon, de plus en plus de communes tomberont sous leur emprise. En plus de la répression et de la prévention, aidons ceux qui sont pris au piège de la drogue à en sortir. C’est possible et ils l’espèrent.

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