Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
François-Xavier Bellamy, candidat de « la vraie droite »
Les Républicains entrent en campagne pour les européennes. Objectif : reconquérir leur place entre Renaissance et Rassemblement national.
Le code couleur ? Bleu, blanc, rouge, décliné à l’envi. Ce samedi, Les Docks de Paris (à Aubervilliers, en Seine- Saint- Denis) sont pleins, des jeunes porteurs de tee-shirts La France qui gagne avec Bellamy font la claque, c’est Éric Ciotti qui chauffe la salle… À son commandement, Gérard Larcher ou Laurent Wauquiez sont chaleureusement acclamés, quand Emmanuel Macron, Ursula von der Leyen, le Rassemblement national ou « tous ceux qui se sont égarés avec la Macronie » sont copieusement hués.
« Le macronisme est fini »
Le chef de l’État, accusé de faire preuve d’un « aventurisme irresponsable » sur l’Ukraine, est particulièrement soigné. « On ne s’improvise pas chef de guerre avec des gants de boxe », raille Éric Ciotti, pour qui « le macronisme est déjà fini ». Le thème fait mouche. « Que restera-t-il de la présidence de Monsieur Macron ? » demande le patron des LR. « Rien ! » s’époumone la foule. « N’égarez pas votre vote vers le RN. L’unique alternative au déclin, c’est nous ! Nous sommes les seuls à droite dans cette campagne. »
Le ton est donné. Pour les européennes, Les Républicains ont choisi de se présenter comme « la vraie droite ». La seule capable de « ranimer la flamme de la France » en Europe. Et ils tapent à la fois sur la majorité présidentielle et le RN pour le démontrer.
À son tour, François-Xavier Bellamy le fait en appuyant là où ça fait mal.
Les 20 milliards d’euros « oubliés » dans le déficit de l’État. Le service public « qui prend l’eau », les hôpitaux et l’école à la peine, « l’insécurité qui grimpe » et « les trains qui n’arrivent plus, les gens qui n’y arrivent plus, [pris] entre des impôts qui explosent et des dépenses qui s’affolent ».
La formule plaît. Elle décrit une « situation désastreuse », créée par des ministres « dont on nous dit qu’ils viennent de la droite ». Bruno Le Maire, « qui a fait un nouveau livre ». Gérald Darmanin, « qui tweete chaque jour ». Amélie Oudéa- Castéra, « qui chante Djadja » (en référence au morceau d’Aya Nakamura). On rit du premier au dernier rang.
Le Rassemblement national en prend tout autant pour son grade. « Il a gagné en 2019, il a gagné en 2014, rappelle François-Xavier Bellamy. Et qu’est- ce que ça a changé pour la France ? Pour vous ? Ses élus n’auront pas, en dix ans, déplacé une seule virgule dans un seul texte européen. » Pas faux.
Le candidat, qui fait lever la salle comme un seul homme en évoquant le gendarme Arnaud Beltrame décédé en 2018, promet « une Europe de la liberté, de la prospérité retrouvée, [qui] assume ses racines » s’il gagne le 9 juin. Il défendra les agriculteurs, les frontières contre l’immigration, et arrêtera « la machine à faire des normes » en proposant d’interdire toute loi qui ferait « baisser la production en Europe ».
Ça plaît aux militants présents. Mais au- delà ? « Qui ose gagne ! » clame François-Xavier Bellamy.