Le gallo come on l’caoze

Il faut savoir ouvrir une porte et bien lire la notice. Ou, sinon, on peut faire de terribles cauchemars.

Louitao n’est point du genre bassourdao, ma fé.

I lu érive core d’ergarder la bouéte à goules le sére après souper, mais i n’tarde point à chopeter et sa couéfe qi l’vé peser des badies le héje pour aller à jou.

Ô les sédormants en lu dans son let, i n’sévaille q’ao chant du cô. Ést come éla dépéye q’il est garçaille mais en pus, i n’fét qe d’raoder un bon diou d’réve durant la nétéye. Alôre, il allit vére un sikiatre.

Haler ou bouter

« Contez- mé vote afére » qe lu dit l’ghérissou.

« Je sé come éla dedvant un portâil, dit Louitao qe j’dé ouvri sans aote choué. Alors, je boute, je boute, mais j’ai biao bouter à raide de corps, j’n’érive point à l’ouvri. »

« J’vé ben lla », qe dit le sikiatre.

« Et lla durant la nétéye entiére, alôre és matinyes, je sé tout chouépi ô eun maodite qheurséye pas créyabe. Lla chaot-ti docteur ? »

« Ma fé, lla est qhurieu, qi dit. Si j’étais à vote piace, j’aorais grand pou étou. Mais y’a vortié qhéqe chaoze d’écrit su l’portâil-la ? » qi d’mandit à Louitao.

« Vére, qi dit, y’a marqué su eune pancarte : Halez ! »

Louis n’était pas un couche-tard. Il lui arrivait cependant de regarder la télé le soir après souper mais il ne tardait pas à s‘assoupir et quand sa femme le voyait baisser du nez, elle le secouait pour aller au lit. Il ne se réveillait qu’au chant du coq le lendemain matin. C’était comme ça depuis son enfance. En plus, il était hanté la nuit par un terrible cauchemar. Il alla voir un psychiatre.

Tirer ou pousser

« Racontez- moi cela », lui dit le médecin. « Je me trouve comme cela devant un portail, dit Louis, que je dois ouvrir absolument. Alors, je pousse, je pousse, mais j’ai beau pousser de toutes mes forces, je ne parviens pas à l’ouvrir. »

« Je vois bien », dit le psy.

« Et cela, pendant toute la nuit. Alors, le matin, je suis épuisé et pris d’une angoisse inimaginable. Est- ce grave docteur ? », reprit Louis.

« Ma foi, c’est bien curieux, dit-il. Si j’étais à votre place, ça me ferait peur aussi. Mais n’y a-t-il pas quelque chose d’écrit sur ce portail », demanda-t-il à Louis.

« Si, répondit Louis, il y a marqué sur une pancarte : Tirez ! »