Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

« J’ai lâché prise face à l’alcoolisme de mon mari »

Al-Anon/Alateen, un groupe de proches de malades alcoolique­s, organise son 12e Congrès national à l’abbaye de Saint- Jacut- de-la-Mer, jusqu’à ce dimanche.

- Capucine GILBERT.

« À essayer de sauver l’autre, on devient fou. Heureuseme­nt, Al-Anon est là pour souffler », témoigne Philippe, membre depuis vingtsept ans de ce groupe aidant les proches de malades alcoolique­s. Il fait partie des 200 personnes qui se sont déplacées pour le 12e Congrès national, à l’abbaye de Saint- Jacut- de-laMer, depuis vendredi et jusqu’à aujourd’hui. Le thème cette année : la richesse du partage. Des mots importants pour ces « amis », qui conservent l’anonymat et se rencontren­t régulièrem­ent lors de réunions locales.

« Soutien et bien- être »

« On est tous différents, mais nos histoires se ressemblen­t, poursuit Catherine, dont le compagnon était malade. Il y a tout de suite eu un phénomène d’identifica­tion. Ma souffrance, tous les autres membres la connaissai­ent et j’ai appris à m’en détacher à force d’en parler. »

Au- delà des moments d’échanges, Al-Anon offre aussi « du soutien et du bien- être », assure Danielle.

Elle aussi est venue alors que son mari était alcoolique. « Il est abstinent depuis quinze ans. Si je n’avais pas rejoint ce groupe, il n’aurait pas arrêté. Avant, je contrôlais ce qu’il buvait, on se disputait… Cette membre a modifié son comporteme­nt

avec son époux : je n’avais plus d’attente, j’ai lâché prise face à la maladie. »

« Pas de poudre de perlimpinp­in »

« Il n’y a pas de poudre de perlimpinp­in, qui permettra à l’autre d’arrêter. Notre société est malade de l’illusion de tout contrôler, appuie

Emmanuel Palomino, psychiatre et addictolog­ue. Moins d’aide du conjoint, c’est moins d’oppression. Le patient s’aperçoit ainsi qu’il est responsabl­e de son changement. » Pour cela, le partage avec d’autres proches est essentiel selon le médecin. « Cela veut dire qu’on n’est pas seuls, pas jugés. Le processus d’identifica­tion est très puissant. »

Le but est également de déculpabil­iser les proches. « J’ai travaillé sur moi, pour ne plus me sentir coupable, complète Marie. Pousser la porte d’Al-Anon, c’est une richesse pour tout le reste de ma vie. »

 ?? | PHOTO : OUEST-FRANCE ?? Le Dr Emmanuel Palomino et Agnès Arthus-Bertrand, de la Société française d’addictolog­ie, au 12e Congrès national Al-Anon/Alateen, qui se termine aujourd’hui, à l’abbaye de Saint-Jacut-de-la-Mer.
| PHOTO : OUEST-FRANCE Le Dr Emmanuel Palomino et Agnès Arthus-Bertrand, de la Société française d’addictolog­ie, au 12e Congrès national Al-Anon/Alateen, qui se termine aujourd’hui, à l’abbaye de Saint-Jacut-de-la-Mer.

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