Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Les premiers pieds de vigne sont plantés à Cavan
400 ceps ont été mis en terre dans le Trégor, hier, par l’association Cav’en folie. Du vin rouge et du vin blanc pourraient un jour y être produits, mais il faudra attendre trois à quatre ans.
Avant de pouvoir mouiller leurs lèvres dans du vin près de Lannion, les membres de l’association La Cav’en folie ont mouillé la chemise. Ils étaient une trentaine, aidés par leurs amis de l’association Gwenojennoù, à avoir enfilé leurs bottes et sorti leurs pelles, hier matin, pour donner naissance à un nouveau vignoble. Dans leurs mains, les fameux pieds de vignes, prêts à prendre racine à Cavan. Au total, 440 ceps ont été mis en terre, sur un terrain de 1 000 m² mis à disposition par la municipalité de Cavan, à quelques pas de l’école et de la salle des fêtes.
Des cépages résistants
« On est en train de semer un couvert végétal et de planter les ceps, variété par variété », explique Sébastien Le Barillec, professeur d’horticulture. Lui et les autres membres de l’association, tous amateurs de vin, ont choisi quatre variétés de cépages à planter : deux blancs, deux rouges. « Ce sont des variétés résistantes à deux maladies très embêtantes : l’oïdium et le mildiou. Nous ici, on n’a pas du tout envie de traiter les plants, car c’est un projet fait avec les écoles, pour que les enfants puissent venir. Ce sont des variétés qui ont été sélectionnées, qui sont croisées depuis pas mal d’années.
Elles ont trois gènes de résistance à l’oïdium, donc on va être tranquille là- dessus », assure encore Sébastien Le Barillec.
Et si Cavan n’a pas vraiment de coteaux, elle peut compter sur « l’énergie cavannaise » pour faire pousser ses vignes. Dans le champ, les bénévoles ne rechignent pas à la tâche : ils creusent, espacent les plants, tassent la terre, fixent les tuteurs… « Il faut enterrer les deux tiers du pied et diriger le bourgeon vers le sud, en direction du clocher », détaille Manuela, jeune Cavannaise. Elle installe des vignes pour la première fois. « C’est une belle découverte et un jeu de patience », lance- t- elle.
Car il va falloir attendre quelques années avant de pouvoir produire du vin avec les grappes : entre trois et quatre ans, le temps que les plantes s’enracinent et se renforcent. Pas de quoi freiner les amateurs de vin. « On y croit, le vin breton est de retour ! », lance un bénévole venu prêter mainforte. « La Bretagne a une histoire avec le raisin et le vin depuis très très longtemps. On est en train de retrouver ça. En Bretagne tout le monde s’y met. Il y a vraiment de très bonnes choses en perspectives », assure Sébastien Le Barillec.
Selon lui, le réchauffement climatique y est pour quelque chose. « On commence à avoir des températures qui se rapprochent de ce qu’il y avait à Angers il y a quelques années. Le climat se réchauffe. Pour faire mûrir le raisin, ça va être très bien. »
La jeune génération sera d’ailleurs aussi sensibilisée à la culture viticole. Les élèves de l’école toute proche, viendront également planter quelques vignes dans les prochains jours. Et eux aussi pourront le récolter pour en faire, non pas du vin, mais du jus de raisin.