Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Des collégiens de Guingamp mués en comédiens
Pour ces Guingampais, ni classe de mer, ni voyage à l’étranger. Mais une classe théâtre ! Une expérience unique, le temps d’une semaine. Vendredi, ils ont présenté au public leur création.
Ils ont adapté Les Misérables de Victor Hugo. Mais, misérables, les 25 élèves de cette classe de 4e du collège Jacques-Prévert de Guingamp ne l’étaient nullement. Même si, cette année, leur potentiel voyage scolaire les a menés à quelques centaines de mètres de leur collège seulement. Car, une semaine durant, ils se sont rendus au théâtre du Champ-auRoy pour vivre à fond une classe théâtre.
Ce projet, mené dans le cadre de la politique 100 % EAC (Éducation artistique et culturelle), s’est traduit par une véritable immersion dans l’univers du spectacle vivant. Avec comme chefs d’orchestre, Mathieu Coblentz, metteur en scène, Vincent Lefèvre et Vianney Ledieu, du Théâtre Amer ancré à Treffiagat, dans le Finistère sud.
À l’image d’une équipe sportive
Ainsi, de lundi à vendredi, les collégiens et collégiennes ont été plongés « dans les conditions et l’exigence d’une création professionnelle », souligne Céline Larrière, directrice du pôle culture et patrimoine à la Ville de Guingamp. Et ont eu, de surcroît, l’opportunité de se produire à deux reprises, pour donner à voir et écouter le fruit de leur travail. Vendredi, ils ont effectivement joué devant un public scolaire, puis en séance publique.
« Nous, on est venus avec un texte et deux chansons, indique Mathieu Coblentz. On a déplacé quotidiennement les élèves au théâtre et dans l’ancienne prison. On a posé un cadre bienveillant, à l’image d’une équipe sportive. Et expliqué qu’on
allait tous prendre des risques. Mais, qu’on était dans une même équipe et qu’on jouait dans le même sens. »
Plongés dans le noir ou éclairés par les projecteurs, sur les planches du Champ-au-Roy ou devant les cellules de l’ancienne prison, les jeunes ont appris à « projeter leur voix, à chanter, à déployer leur corps ». Et à ce petit jeu-là, « on les a très vite vus se métamorphoser », glisse le metteur en scène. « Le texte n’est qu’un prétexte. L’objectif est qu’ils puissent envisager tout ce que cela requiert d’efforts et de ressentir profondément tous les possibles que cela offre. »
Ce changement, Gautier Bouchet, leur professeur de musique au collège, le constate également. Et s’en
réjouit. Accompagnant les textes et les chants au cor d’harmonie, lui aussi s’est investi à 100 % dans cette aventure. « Tous ont progressé, livret-il. La progression a même été fulgurante chez certains et certaines élèves. Pour eux, cette semaine constitue une force indéniable. »
Les élèves en sortent grandis
Tous les matins, Tiphaine, Naïm, Ninon, Lilou, Ali et tous leurs camarades de classe, se sont prêtés à un véritable échauffement. Et ensuite, se sont concentrés sur leur texte, sur leur posture, leur façon de se tenir ou de se mouvoir. « Comme pour le sport, notre pratique est physique », rapportent les trois acteurs du théâtre finistérien. « On est à la fois des
orthophonistes, des coachs sportifs et on tient compte des envies et des compétences de chaque participant. »
Aussi, au fil des journées, ils se sont employés à transmettre les codes « pour mettre les voix en vibration, déployer les corps en douceur et consolider une prise de parole assumée et assurée malgré le trac ou la peur toujours présente ». Avec un objectif majeur : que « les jeunes soient fiers d’eux ». Ce qui s’est vérifié. Et si cette création n’était qu’éphémère, nul doute que les collégiens et collégiennes, au terme de cette classe théâtre, « en sortent tous grandis dans leur façon d’être quotidienne », note Gautier Bouchet.