Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Guillou : « La France a été surprise d’être autant sous pression »
Est-ce la France qui a déjoué ou l’Allemagne qui a brillé ?
C’est avant tout un succès très rassurant pour l’Allemagne, construit sur deux entames de période idéales, mais qui repose sur un fil conducteur en termes de pressing, de mouvements et de solidité. La France a été plombée par des mouvements d’école, puis s’est montrée craintive. Les Allemands m’ont surpris dans leur façon d’aborder la rencontre, conquérante, alors qu’ils manquaient de repères. Je pense que la France a été surprise d’être autant sous pression.
L’absence d’Antoine Griezmann s’est-elle fait ressentir ?
Dans l’animation offensive, surtout. Ses déplacements libèrent des espaces. Là, on a senti un manque d’automatismes. Seul Dembélé a surnagé, par des différences individuelles.
Qu’avez-vous pensé de la charnière centrale ?
Elle n’a pas toujours assuré l’essentiel, en termes d’assise et de stabilité. Wirtz et Musiala, les deux joyaux du foot allemand, ont fait très mal.
Et le match de Marcus Thuram ?
Je l’ai trouvé moins fringant qu’à l’Inter, où beaucoup de circuits passent par lui. Là, on se rend compte de la difficulté de construire une animation offensive en sélection. Il faut lui laisser le temps.
Est-ce inquiétant en vue de l’Euro ? D’autres équipes peuvent mettre cette intensité, comme l’Autriche (que la France affrontera en ouverture, le 17 juin). Après, à la pause, le 1- 0 est heureux pour l’Allemagne. Mais elle a su résister, grâce à un très bon Ter Stegen, mais aussi Toni Kroos, si précieux dans la régulation du rythme du match. Il ne faut pas tout remettre en question, mais cette défaite est une bonne piqûre de rappel pour la France. Elle va permettre à certains de sortir de leur zone de confort, d’aller chercher des vertus dans la difficulté, de retrouver plus de fraîcheur, et avoir moins de certitudes.