Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Le naufrage troublant des Bleus, fantomatiques
Amical. France – Allemagne : 0-2. Bousculés et dépassés, les Français sont passés au travers dans les grandes largeurs. Une défaite gênante, à trois mois de l’Euro.
Ce n’était pas seulement un hommage à deux légendes, mais aussi une révérence à une époque. Celle où le foot se jouait à onze mais se terminait systématiquement par une victoire de l’Allemagne de Franz Beckenbauer et d’Andreas Brehme, briseur du rêve mexicain de 1986. La Mannschaft aura donc essoré trois sélectionneurs en un an pour remporter autant de succès en onze rencontres. Et, depuis hier soir, il y en aura eu deux contre l’équipe de France. De Dortmund à Lyon, les Bleus auront procédé à huit changements dans le onze de départ sans inverser la tendance au final. Bousculés comme rarement, ils auront vécu un naufrage.
Il a rapidement emporté une formation à l’arrêt et restée au vestiaire. Il aura fallu deux passes, trois joueurs et sept secondes de jeu seulement pour placer l’Allemagne dans les meilleures conditions (0-1, 1’). Apathiques et en déficit d’agressivité, les Tricolores n’ont pas spécialement retenu la leçon et reproduit le même scénario au retour des citrons. Après Florian Wirtz (1’) , Kai Havertz transperçait l’axe central pour se jouer de Brice Samba (0-2, 49’).
Entre les deux, les vice- champions du monde auront offert un réveil poussif et timide. Il aura reposé sur les coups de butoir d’Ousmane Dembélé (35’ et 55’), un des rares au niveau, et de quelques redoublements entre Kylian Mbappé et Lucas Hernandez dans le couloir gauche (25’), avant la panne totale en deuxième période (0 tir cadré). Didier Des
7champs attendait de ce classique des enseignements. Orphelin d’Antoine Griezmann pour la première fois en 85 matches, le sélectionneur a désormais la certitude qu’il n’a pas de plan B, qu’il perd en fluidité dans la circulation et en créativité dans la construction.
On n’est toutefois pas convaincu
L’ouverture du score est intervenue sept secondes seulement après le coup d’envoi. Jamais l’équipe de France n’avait encaissé un but aussi rapidement. C’est la troisième fois qu’elle prend un but dans la première minute de jeu après Wim Roetert avec les Pays-Bas le 2 avril 1923 et Bryan Robson avec l’Angleterre le 16 juin 1982.
que le Madrilène aurait comblé à lui seul les lacunes d’un ensemble amorphe et rapidement résigné, éclairci un
France – Allemagne : 0-2
collectif trop prévisible et si brouillon, redonné une âme à une équipe disloquée et égarée, sans révolte. Jamais il n’a été en mesure de répondre aux problèmes posés dans l’intérieur du jeu par les Allemands très mobiles. Les Bleus ont au moins la démonstration que, sans rythme ni intensité, ils se rapprochent davantage des fantômes de la première période contre l’Argentine que ceux ayant flirté avec le sommet mondial à Lusail.
Sans quelques arrêts de Brice Samba en fin de rencontre, la note aurait pu être plus lourde (79’, 81’ et 82’), la claque plus conséquente et les maux de tête plus tenaces. Chez les Gones, la Mannschaft a semblé aussi à l’aise qu’à la maison et évite de replonger dans la crise. La bête noire de Didier Deschamps (4 défaites) a brutalement rappelé l’équipe de France à ses devoirs, et dans des proportions inattendues. Défaite à domicile pour la première fois depuis deux ans, muette pour la première fois depuis 14 matches, elle repart du Groupama Stadium avec davantage de questions que de réponses. Une impression d’impuissance gênante. « On n’y était pas, c’est évident, a réagi le sélectionneur au micro de TF1. Estce qu’on en avait les moyens ? Peutêtre pas. […]. Le premier responsable, c’est moi. Au lieu d’être un pic aujourd’hui, ç’a été un creux. »
Mi-temps : 0-1
Arbitre : M. Manzano (Esp).
BUTS. Wirtz (1’), Havertz (49’).
AVERTISSEMENTS. France : Mbappé (68’), Rabiot (73’) ; Allemagne : Andrich (68’).
FRANCE : Samba – Koundé (Clauss 60’), Pavard, Upamecano, L. Hernandez (T. Hernandez 61’) – Zaïre-Emery (Camavinga 61’), Tchouaméni (Fofana 74’), Rabiot – Dembélé (Kolo Muani 83’), Thuram (Giroud 61’), Mbappé (cap.). Sélectionneur : Didier Deschamps.
ALLEMAGNE : Ter Stegen – Kimmich, Tah, Rüdiger, Mittelstädt – Kroos (Anton 90’), Andrich – Wirtz (Fürhich 72’), Gündogan (cap.) (Müller 72’), Musiala (Füllkrug 80’) – Havertz (Undav 80’). Sélectionneur : Julian Nagelsmann.