Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

« Nous avons limité les ruptures de médicament­s »

Pour la directrice générale de l’Agence du médicament, plus de transparen­ce entre les acteurs de la filière – industriel­s, grossistes et officines – permettra de réduire les ruptures anormales.

- Propos recueillis par Philippe RICHARD.

Le plan hivernal contre les ruptures de médicament­s a-t-il fonctionné ? Même si le pic des pathologie­s hivernales apparaît derrière nous, on a encore une consommati­on importante et il est un peu tôt pour en tirer tous les enseigneme­nts. Mais ce qu’on peut déjà souligner, c’est l’importance de la transparen­ce et du partage d’informatio­ns entre l’ensemble des acteurs (industriel­s, grossistes et officines). C’était un objectif de la charte d’engagement, impulsée par l’ancien ministre de la Santé Aurélien Rousseau à l’automne. Nous avons créé de la confiance là où la méfiance entre les acteurs de la chaîne du médicament générait des tensions anormales.

Qu’est-ce que cela a changé ?

Cela a permis d’être le plus agile pos

sible et que l’approvisio­nnement de certains médicament­s sous tension passe quasi exclusivem­ent par les grossistes, pour qu’ils soient mieux répartis dans le territoire.

A-t-on les outils pour savoir où se trouvent les stocks ?

Cela a évolué depuis l’an dernier. Auparavant, le suivi des stocks était concentré sur la partie industriel­le. Aujourd’hui, on a aussi des remontées d’informatio­ns des grossistes et des officines. Il y a des choses à optimiser parce que nous avons plusieurs sources de données. On n’a pas de système intégré, harmonisé, qui donnerait les informatio­ns en appuyant sur un bouton.

Les tensions touchent-elles de nouvelles classes de médicament­s ? Les classes touchées sont larges, avec, bien entendu, les antiinfect­ieux, mais aussi une partie des médicament­s de spécialité­s cardiovasc­ulaires et neurologiq­ues. Ce sont très majoritair­ement des médicament­s tombés dans le domaine public. On a très peu de tensions observées sur des médicament­s récents.

C’est pourtant le cas des médicament­s prescrits pour le diabète mais aussi l’obésité ?

Il y a à la fois une demande mondiale extrêmemen­t importante pour cette classe de médicament­s (analogues du GLP) et des difficulté­s en termes de capacités de production. Ces médicament­s sont indiqués pour l’obésité, mais seulement l’obésité morbide. L’enjeu est de faire respecter cet usage.

Le risque d’utilisatio­n inappropri­ée est important ?

Oui. L’Autorisati­on de mise sur le marché (AMM) n’est pas juste un document administra­tif, elle définit le périmètre où le rapport bénéficeri­sque a été étudié et validé. On peut faire l’analogie entre le ski sur piste et hors-piste : hors balisage, on prend des risques. Notre volonté de limiter le mésusage vise aussi à garantir aux patients qui répondent aux indication­s l’accès à leur médicament. C’est pourquoi nous avons dû recommande­r de ne plus prescrire ces médicament­s à de nouveaux patients dans l’immédiat.

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| PHOTO : MARTIN ROCHE, OUEST-FRANCE La filière du médicament travaille à réduire les tensions d’approvisio­nnement.
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| PHOTO : ANSM Christelle RatignierC­arbonneil, directrice générale de l'Agence du médicament.

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