Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
« Nous avons limité les ruptures de médicaments »
Pour la directrice générale de l’Agence du médicament, plus de transparence entre les acteurs de la filière – industriels, grossistes et officines – permettra de réduire les ruptures anormales.
Le plan hivernal contre les ruptures de médicaments a-t-il fonctionné ? Même si le pic des pathologies hivernales apparaît derrière nous, on a encore une consommation importante et il est un peu tôt pour en tirer tous les enseignements. Mais ce qu’on peut déjà souligner, c’est l’importance de la transparence et du partage d’informations entre l’ensemble des acteurs (industriels, grossistes et officines). C’était un objectif de la charte d’engagement, impulsée par l’ancien ministre de la Santé Aurélien Rousseau à l’automne. Nous avons créé de la confiance là où la méfiance entre les acteurs de la chaîne du médicament générait des tensions anormales.
Qu’est-ce que cela a changé ?
Cela a permis d’être le plus agile pos
sible et que l’approvisionnement de certains médicaments sous tension passe quasi exclusivement par les grossistes, pour qu’ils soient mieux répartis dans le territoire.
A-t-on les outils pour savoir où se trouvent les stocks ?
Cela a évolué depuis l’an dernier. Auparavant, le suivi des stocks était concentré sur la partie industrielle. Aujourd’hui, on a aussi des remontées d’informations des grossistes et des officines. Il y a des choses à optimiser parce que nous avons plusieurs sources de données. On n’a pas de système intégré, harmonisé, qui donnerait les informations en appuyant sur un bouton.
Les tensions touchent-elles de nouvelles classes de médicaments ? Les classes touchées sont larges, avec, bien entendu, les antiinfectieux, mais aussi une partie des médicaments de spécialités cardiovasculaires et neurologiques. Ce sont très majoritairement des médicaments tombés dans le domaine public. On a très peu de tensions observées sur des médicaments récents.
C’est pourtant le cas des médicaments prescrits pour le diabète mais aussi l’obésité ?
Il y a à la fois une demande mondiale extrêmement importante pour cette classe de médicaments (analogues du GLP) et des difficultés en termes de capacités de production. Ces médicaments sont indiqués pour l’obésité, mais seulement l’obésité morbide. L’enjeu est de faire respecter cet usage.
Le risque d’utilisation inappropriée est important ?
Oui. L’Autorisation de mise sur le marché (AMM) n’est pas juste un document administratif, elle définit le périmètre où le rapport bénéficerisque a été étudié et validé. On peut faire l’analogie entre le ski sur piste et hors-piste : hors balisage, on prend des risques. Notre volonté de limiter le mésusage vise aussi à garantir aux patients qui répondent aux indications l’accès à leur médicament. C’est pourquoi nous avons dû recommander de ne plus prescrire ces médicaments à de nouveaux patients dans l’immédiat.