Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Les oeufs de Pâques plus chers à cause du climat

Dans les pays producteur­s de fèves de cacao, les mauvaises récoltes s’enchaînent. Le cours de cette matière première n’a jamais été aussi élevé. De quoi influer sur les prix des chocolats.

- Brice DUPONT.

Le prix des oeufs ou des poules en chocolat pour Pâques dépend énormément du climat… à des milliers de kilomètres de nos rayons de supermarch­és. Et le phénomène climatique El Niño, qui entraîne réchauffem­ent planétaire et augmentati­on de certains événements extrêmes, pourrait jouer des tours à notre portefeuil­le.

En Côte d’Ivoire, au Ghana (60 % de la production mondiale de fèves de cacao à eux deux) et dans plusieurs autres pays d’Afrique de l’Ouest, les mauvaises récoltes se succèdent. Après des pluies diluvienne­s il y a un an et demi, les épisodes de sécheresse n’en finissent plus. Et ça, les cacaoyers n’en sont pas franchemen­t friands. Tout comme la Swollen Shoot qui les agresse, une maladie très contagieus­e transmise par des cochenille­s.

Une envolée des prix du cacao

Résultat : l’offre sur le marché du cacao est au plus bas, alors que la demande mondiale n’a jamais été aussi forte.

Sur les deux marchés de gros de référence pour « l’or brun », à New York et Londres, la flambée des

cours est continue depuis des mois, exacerbée par la spéculatio­n. Une tonne de cacao a dépassé la barre des 10 000 dollars (9 200 €) cette semaine à Wall Street.

Au- dessus du cours du cuivre.

Le cacao n’est pas la seule matière première nécessaire pour le chocolat, et l’envolée des prix du sucre pèse également sérieuseme­nt. Certains industriel­s ont déjà annoncé qu’ils allaient devoir augmenter leurs tarifs, à l’image du chocolatie­r suisse Lindt & Sprüngli, qui prévoit une hausse de 5 % « si les prix du cacao restent à ce niveau ».

Cette année pour les fêtes de Pâques, les coûts devraient demeurer maîtrisés dans les rayons. Les fèves étant achetées et négociées à l’avance, leur prix est décorrélé du cours actuel du cacao. La facture pourrait, en revanche, être salée pour les fêtes de fin d’année si la tendance reste la même.

Selon les chiffres de l’Insee publiés en janvier 2024, le prix du chocolat a augmenté de 7 % sur un an, celui du chocolat en poudre de 11,7 %. Une hausse qui reste en dessous de celle des fèves de cacao.

Pour ne pas voir les clients se détourner de leurs produits et rester accessible à tous les budgets, les chocolatie­rs font des efforts, en cherchant, par exemple, des économies sur l’emballage, tout en espérant que le climat s’améliore en Afrique de l’Ouest dans les mois à venir.

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| PHOTO : VINCENT MICHEL, OUEST-FRANCE La note « chocolats » en fin d’année pourrait être salée.

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