Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Affections de longue durée »
Les retraites et les prestations sociales sont revalorisées cette année, en fonction de l’inflation. Et l’an prochain ?
Nous avons fait le choix de protéger nos compatriotes face à l’inflation. Les indexations, dont celles des retraites, représentent 25 milliards d’euros de dépenses cette année. Pour l’an prochain, ce sera décidé lors du budget 2025.
Dans votre livre La voie française (Flammarion), vous appelez à revoir le modèle social. Que voulezvous dire ?
Aujourd’hui, la solidarité est principalement financée par ceux qui tra
vaillent. Quand ils regardent leur salaire brut et qu’ils voient ce qui leur reste à la fin du mois en salaire net, ils se disent légitimement : « L’écart est trop important ». Je propose de repenser nos règles de solidarité pour augmenter le salaire net par rapport au salaire brut. Ce débat est majeur, il prendra du temps. Prenons ce temps du dialogue collectif.
Mais reporter les cotisations sur la TVA, c’est affecter le pouvoir d’achat des plus modestes.
Ce n’est d’ailleurs pas vraiment ce que je propose ! Dans mon livre, je pose des questions, j’ouvre un débat. Ce débat mériterait d’ailleurs à mon sens un référendum.
Votre livre est-il un programme de candidat à la prochaine élection présidentielle ?
Non. C’est un acte de foi dans la France. Il existe une voie française singulière, qui repose sur la puissance économique, la production agricole et industrielle, la solidarité, l’innovation, le risque, l’audace. Et bien entendu notre culture.
Et si l’on vous repose la question de votre candidature dans un an ou deux ?
Toutes les questions sont bonnes du moment qu’elles sont posées au bon moment.
Êtes-vous inquiet de la remise en cause de la laïcité ?
Je suis totalement résolu avec la ministre de l’Éducation nationale, avec le Premier ministre – qui, je le rappelle, a interdit l’abaya – à combattre ces dérives. Pour moi, il y a deux gangrènes dans la société française. J’emploie volontairement ce terme brutal, parce que ça se traduit par de la brutalité contre nos compatriotes. La première, c’est le trafic de stupéfiants qui, aujourd’hui, touche toutes les villes, toutes les communes, les zones urbaines comme les zones rurales. La seconde gangrène, c’est l’islam radical. Nous devons retrouver cette force d’âme française qui nous permet de le combattre. Je veux rendre hommage à tous ces enseignants qui sont en première ligne face aux provocations de cet islam radical. Nous devons lutter en faisant bloc, en démantelant les réseaux et en montrant que la laïcité restera le pilier de la nation française.
« Nos compatriotes n’en peuvent plus de la complexité administrative »
Pourriez-vous être intéressé par un poste de commissaire européen à l’Économie ?
Je ne suis pas candidat au poste de commissaire européen.
Que contiendra la loi Pacte 2 que vous préparez ?
Le texte doit être présenté au printemps. Nos compatriotes n’en peuvent plus de la complexité administrative. Un de nos objectifs, c’est d’aligner certains droits des très petites entreprises sur ceux des consommateurs. Souvent les TPE ne sont pas armées pour négocier et faire valoir leurs droits. S’agissant des assurances, nous plafonnerons les délais d’indemnisation à six mois après un dommage, et même à deux mois lorsque le sinistre ne requiert pas d’expertise. Certaines indemnisations arrivent beaucoup trop longtemps après un sinistre et peuvent mettre une entreprise ou un particulier en grande difficulté financière. Cet encadrement permettra d’y remédier. Et en matière bancaire, nous rendrons gratuite la clôture de compte des professionnels. Cela doit faciliter la mobilité bancaire et favoriser la concurrence.
En matière d’énergie, quels seront le coût et le calendrier pour les réacteurs nucléaires de nouvelle génération EPR 2.
C’est le plus important chantier industriel en Europe depuis plusieurs décennies ! J’ai participé au comité exécutif d’EDF il y a quelques jours pour rappeler qu’EDF devait tenir ses délais et ses coûts. Nous avons trop souvent vu des dérives par le passé (encore cette semaine pour l’EPR 1 de Flamanville, NDLR). Quand vous faites des séries à l’identique, cela doit se traduire par des économies. On le doit aux contribuables, aux Français.
Où en est le litige avec Bruxelles sur les barrages ?
Nous devons avoir réglé d’ici à la fin 2024 la question juridique de l’exploitation des barrages en France, pour pouvoir les moderniser et investir dessus. Les barrages hydroélectriques représentent une capacité de production d’énergie propre à la France, totalement décarbonée. « La politique m’a toujours interrogé, mais elle n’a pas pris une grande place dans ma vie. J’ai du mal à me situer, j’ai même voté très tard. J’écoute un peu ce qu’il se passe, j’ai des sensations plus que des avis tranchés. »
Bernard CAMPAN.