Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Notre-Dame de Paris retrouve sa toiture en plomb
Les travaux de couverture, lancés récemment, doivent s’achever à l’été. D’autres opérations se poursuivent dans l’édifice pour lui redonner tout son lustre, à huit mois de sa réouverture.
C’est la dernière opération d’ampleur. La pose de la couverture en plomb vient de débuter sur les charpentes de Notre-Dame de Paris. Des grandes plaques grises, longues de 170 cm pour 65 de largeur, s’alignent depuis plus de dix jours sur le grand comble.
« Il en faudra environ 1 200 pour couvrir le choeur », précise Rémi Pinkiewicz, chef de chantier de l’entreprise UTB, en balayant l’espace du regard. Environ 1 500 autres seront nécessaires pour rendre étanche la charpente de la nef. Plus 600 sur chacun des deux bras du transept. Ces « tables » de 52 kg sont conçues comme celles disparues lors de l’incendie du 15 avril 2019, suivant la décision d’une reconstruction à l’identique, malgré une polémique sur la toxicité du matériau.
L’intérieur est restauré
Le plomb a été « coulé sur un fin lit de sable », donnant à la « feuille » de 4 mm une face rugueuse et une autre lisse.
L’ensemble des couvertures doit être achevé d’ici à l’été. Les « grandes toitures pourront ainsi être en grande partie libérées des échafaudages, comme toute la façade du pignon sud du transept, entièrement restaurée avec ses deux tourelles. Pendant les Jeux olympiques, on aura une belle vision de la cathédrale, on percevra bien qu’on est proche de sa réouverture », souligne Philippe Jost, président de l’établissement public Rebâtir Notre-Dame.
Le chantier du siècle se poursuit aussi à l’intérieur du monument, dont les murs et baies ont déjà été nettoyés. La restauration des chapelles aux décors peints, commencée par leurs voûtes étoilées, se termine désormais dans les parties basses. Ravivant « de belles couleurs qui seront une véritable découverte pour les fidèles et visiteurs ».
À côté, dans l’espace liturgique du choeur, les ébénistes et menuisiers travaillent à redonner tout leur lustre aux grandes stalles latérales en bois.
Autour du maître-autel, sa statuaire et des ferronneries d’art déjà restaurées et protégées par des bâches, Olivia Salaün avance sur la rénovation du sol en marbre marqueté.
« Une ornementation riche et colorée, globalement en très bon état », souligne la restauratrice de
la société Socra. Quelques dalles « seront réparées ou remplacées en raison d’impacts » et l’ensemble sera « nettoyé d’ici l’été ».
Remontage du grand orgue
Ailleurs, on repose le dallage noir et blanc de la cathédrale. Il a souffert par endroits de chutes de pierres de voûtes ou de bois de charpente calcinés. « Des dalles, retirées aussi pour le creusement de nouvelles galeries techniques, sont remplacées », notamment dans la nef.
De là, on aperçoit de nouveau la façade du grand orgue, restée longtemps cachée par une bâche. L’instrument, épargné par les flammes mais couvert de poussière de plomb, a été déposé pour nettoyage et restauration. Le remontage de ses
8 000 tuyaux est toujours en cours. Son harmonisation se fera de nuit, dans les prochaines semaines, note l’établissement public. La réouverture du joyau gothique est prévue le 8 décembre prochain.
La consolidation du beffroi nord continue, avec le nettoyage des huit cloches, dont deux sont restaurées. Reste aussi l’installation d’un nouveau système anti-incendie, par brumisation, dans les combles. Et la fermeture de la voûte à la croisée du transept, à travers laquelle s’est élevé l’échafaudage utilisé pour restituer la flèche. Sur cette dernière, il faudra enfin finir la couverture en plomb, aujourd’hui stoppée à ses étages ajourés, laissant voir exceptionnellement le chêne de ses baies gothiques sculptées.