Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Les plantes, elles aussi, se recyclent…

De nouvelles logiques vertueuses s’inventent autour du végétal. Après les jardins partagés, après le troc de graines, place à la Brocante verte.

- Labrocante­verte.fr Ch. T.

C’est un « bon plant » pas comme les autres : en 2021, Aude Couturier et Solène Mahé ont créé à Nantes (Loire-Atlantique) la Brocante verte. Une ressourcer­ie agréée atelier et chantier d’insertion, exclusivem­ent dédiée au végétal. On y adopte – à petits prix – des plantes d’intérieur et d’extérieur vouées à la destructio­n. Ficus défraîchis, rosiers en surstock et fleurs coupées déclassées réchappent ainsi des poubelles des jardinerie­s et des fleuristes pour entamer une seconde vie. Un nouveau départ pour les végétaux, comme pour les personnes sans domicile fixe qu’emploie la Brocante.

62 tonnes sauvées

« L’an dernier, au lendemain du 1er mai, nous avons reçu 2 500 pieds de muguets, indique Aude Couturier. Les plantes que nous collectons ne sont pas forcément abîmées. Il y a beaucoup de gâchis. Aujourd’hui, ce sont les acteurs de la filière horticole eux-mêmes – producteur­s, distribute­urs, paysagiste­s – qui nous contactent pour céder les végétaux qu’ils ne peuvent pas écouler. Pour eux aussi, c’est un crève- coeur de devoir jeter des plantes encore en bon état ou récupérabl­es. »

Après nettoyage, taille, rempotage ou une fois valorisées en compositio­ns florales (fraîches ou sèches), les végétaux sont mis à la vente. En

2023, la Green Team de la Brocante verte – six salariés en contrat d’insertion – a ainsi sauvé plus de 62 tonnes de plantes et de fleurs coupées. Avec à la clef la possibilit­é pour des publics, qui n’en auraient pas nécessaire­ment les moyens, de s’offrir un peu de vert.

« La première vocation de la recyclerie est d’aider des personnes en situation de grande exclusion à reprendre pied, mais elle s’inscrit dans une dynamique globale, pointe Aude Couturier. Une logique écologique et humanitair­e où chacun

peut faire sa part. » Chacun, plantes comprises : « Travailler avec la nature répare. Il y a une satisfacti­on particuliè­re à voir une plante revivre, faire de nouvelles pousses. »

À Rennes (Ille- et-Vilaine), Saint- Nazaire (Loire-Atlantique) ou Vannes (Morbihan), ce modèle vertueux qui résonne comme une évidence ne demande qu’à éclore : « On nous sollicite régulièrem­ent pour des conseils. Plusieurs projets sont dans les tuyaux… »

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| PHOTO : LA BROCANTE VERTE Avec Aude Couturier et Solène Mahé de la Brocante verte, le modèle Emmaüs se décline en mode végétal.

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