Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
« Faire mieux qu’à Tokyo et nos trois médailles »
Fidèle de la plus grande régate de France, le président de la FFV Jean-Luc Denéchau s’est exprimé sur cette année mouvementée, entre l’affaire Kevin Escoffier et les Jeux olympiques à Marseille.
Jean-Luc Denéchau, en tant que président de la Fédération française de voile, vous avez connu une année mouvementée et secouée par quelques affaires…
Oui, c’est vrai, mais si on veut voir le côté positif, on n’a aussi jamais eu autant de public, de partenaires qui ont rejoint la course au large. Et les valeurs transmises par la course au large font que l’on est beaucoup plus exigeant, et c’est bien, avec l’image de la voile. C’est vrai que l’on a connu des affaires, dans des domaines différents qui sont aussi le reflet de la société. On les a traitées au fur et à mesure, on a un cap qui est clair.
Si l’on revient sur l’affaire Kevin Escoffier, comment l’avez-vous vécue ? Vous l’avez prise en pleine face ?
Oui, ça a été très brutal. J’étais sur la Normandy Channel race, et le soir sur les réseaux sociaux je vois que Holcim PRB annonce le remplacement de Kévin Escoffier. Puis, plus tard, je vois sur Instagram que Kévin Escoffier annonce lui-même se retirer suite à un incident présumé. Et c’est là, suite à des coups de fils, que j’ai découvert l’histoire. Les bras m’en sont tombés. Compte tenu des faits, j’ai déclenché un article 40 auprès du procureur et la mécanique s’est lancée. Normalement, comme pour toute fédération avec le code du sport, et pouvant aboutir à des sanctions disciplinaires si cela le justifie.
Justement, le CNOSF vous a déjugé sur la procédure de suspension de Kevin Escoffier. Comment le prenez-vous ?
Il faut juste rappeler qu’au niveau de la Fédération française de voile, la commission de discipline comme la commission fédérale d’appel sont des commissions indépendantes. Et idem pour le conciliateur du CNOSF. Ce qui nous a été reproché, c’est un problème de droit. De respect du contradictoire, mais ça, on le conteste. Ce que l’on ne conteste pas, c’est l’absence de confrontation. Sauf que le ministère des Sports nous demande, à nous fédération, de ne pas con
fronter victimes et mis en cause. Et nous, comme instance fédérale, on n’est pas outillé pour organiser ce type de confrontation. Et moi je revendique que dans ce type d’affaire, on ne mette pas les victimes en présence des mis en cause.
Concrètement, comment va se passer la suite désormais ?
Le conciliateur nous a demandé de reprendre notre décision de suspension et de rejuger, mais avec d’autres personnes, ce qui techniquement est impossible car nous n’avons pas suffisamment de membres dans les commissions d’appel. Donc j’ai dit : on s’arrête. Car c’est du disciplinaire, et, à côté, il y a déjà une enquête administrative et une enquête judiciaire. Et, comme à partir du moment où le conciliateur donne un avis qui nous est défavorable, en termes de droit, cela annule notre décision. Dans les faits, Kevin Escoffier peut donc, à nouveau, prendre une licence et participer à nouveau à des courses. Et nous attendons de savoir si Kevin Escoffier accepte la conciliation du CNOSF.
En 2024, la France accueillera les JO. Quels seront les objectifs de l’équipe de France ?
Lors du test event à Marseille en
juillet 2023, la France a décroché 5 médailles, 4 en or et 1 en argent. Mais l’objectif n’a pas varié depuis le début de mon mandat, c’est de faire mieux qu’à Tokyo (3 médailles : 2 d’argent, 1 de bronze), donc mieux que trois c’est quatre, ou d’un plus beau métal. On avait une deuxième optique qui était d’être présent dans un maximum de séries (la France a qualifié un bateau dans les 10 séries), puis d’être en capacité d’être dans les dix premiers, afin de se qualifier pour la Medal Race et d’être en capacité d’aller chercher un podium. On est dans le tableau de marche pour ça.
Sur le plan de l’organisation, le site de Marseille est-il prêt à accueillir les épreuves de voile ?
Le meilleur retour que l’on puisse avoir, c’est celui des équipes étrangères lors du test event, qui ont été enchantées de l’accueil reçu. Les installations n’étaient pas totalement finies mais elles les ont satisfaites. Là, on est prêt, et la Marina olympique va être inaugurée officiellement mardi 2 avril.
Peut-on voir un membre de l’équipe de France porte-drapeau lors de la cérémonie d’ouverture ?
Le CNOSF (comité national olympique du sport français) a envoyé à toutes les fédérations le cahier des charges pour avoir des porte- drapeaux. On va proposer un homme et une femme. Pour l’instant, on a des idées mais on ne leur a pas encore demandé leur avis. Il faut qu’ils soient d’accord car c’est aussi une mission de représentation de l’ensemble de l’équipe de France. Il y a donc aussi de l’influx qui part là- dedans donc il faut que ce soit un choix de l’athlète. La difficulté qu’on a, c’est qu’on n’est pas à Paris.
En fin d’année, il y aura aussi l’assemblée générale élective de la FFV. Serez-vous candidat à votre réélection ?
Oui, je serai candidat avec mon équipe. Les élections auront lieu en décembre avec la nouvelle loi qui entre en vigueur, et qui vise deux modifications : la parité obligatoire dans les conseils d’administration, nous, cela ne nous impacte pas tellement parce qu’à la FFV on y est déjà ; et l’élection des présidents par les clubs. Ce sera la première fois que nos 1 100 clubs vont voter en direct avec un prorata selon le nombre de licenciés (1 à 7 voix).
J’ai fait tous les Spi depuis 2000, et je reviens chaque année car la voile en compétition j’ai vraiment ça dans le sang. Le Spi, ça me galvanise. Il y a un mélange des genres en mer comme à terre.
Cyrille Cremades, équipière sur J Lance en IRC 2