Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Castrovill­e, « la petite Alsace » du Texas

C’est un coin de France perdu en plein Texas. Colonisée par des immigrants alsaciens au milieu du XIXe siècle, la petite ville entretient cet héritage. Un cas unique aux États- Unis.

- Théo QUINTARD.

C’est un peu le coeur du village. Au Magnolia Coffee Shop de Castrovill­e, des habitants de tous âges aiment se retrouver autour d’un café. « Beaucoup de personnes âgées viennent essayer de résoudre tous les problèmes du monde, explique Shari Biediger, journalist­e au San Antonio Report, assise à une table voisine. C’est un peu comme un conseil municipal non officiel. »

Ancienne colonie prospère

Fondée par l’entreprene­ur français Henri Castro en 1844, Castrovill­e (3 284 habitants) est un petit bout de France perdu en plein milieu du Texas. Située à 40 km de San Antonio (la deuxième ville du Texas), elle a été colonisée par des immigrants alsaciens au milieu du XIXe siècle.

Et est aujourd’hui unique en son genre au pays de l’Oncle Sam.

Attractive et porteuse économique­ment, elle a vu passer plusieurs génération­s d’Alsaciens sur ses terres. « La composante culturelle la plus importante d’une région est sa population, bien plus que tous les bâtiments de la ville », souligne Darrin Schroeder, le maire depuis trois ans. Autour de l’édile, une poi

gnée de personnes s’investisse­nt pour maintenir cet héritage alsacien intergénér­ationnel.

« Hormis l’avènement d’une guerre nucléaire ou d’un événement tragique, je suis convaincu à 100 % que la culture alsacienne sera toujours présente à Castro », explique Bradford Boheme, l’un des ambassadeu­rs de la villle qui espère voir sa population doubler d’ici à cinq ans. « Parler alsacien fait partie de nos traditions familiales. » Films, livres, musée, festivals et cours d’alsacien ouverts à tous… Les initiative­s pour faire perpétuer le dialecte alsacien local sont multiples.

D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si Castrovill­e est construite à la façon d’une ville européenne. La place du village, baptisée « Houston Square », est le poumon central accueillan­t de multiples marchés et festivals. L’église Saint- Louis, de confession catholique, ou encore l’église luthérienn­e sont des marqueurs de cet héritage alsacien.

Mais le plus bel emblème de « la petite Alsace » reste sans doute la Steinbach House. Le long de l’autoroute 90 W, en périphérie de la ville, cette maison à colombages est un cadeau fait aux habitants à la fin du XXe siècle. Construite dans le Sundgau du Haut- Rhin, elle a appartenu à plusieurs génération­s de la famille Steinbach, d’où son nom, avant d’être démontée et reconstrui­te bénévoleme­nt par des Alsaciens et des Texans.

« La Steinbach House est notre statue de la Liberté à nous », image jPhil King, un retraité. « Elle représente à la fois le passé et le présent de Castrovill­e », renchérit Bradford Boheme.

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| PHOTO : THÉO QUINTARD, OUEST-FRANCE Phil King est l’un des ambassadeu­rs de la ville.

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