Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Après la Déportatio­n, « il y avait une part d’indicible »

Ce dimanche est la Journée nationale du souvenir des victimes et héros de la Déportatio­n. Jimmy Tual, 42 ans, est le président des Amis de la fondation pour la mémoire de la Déportatio­n.

- Catherine LEMESLE.

Jimmy Tual est enseignant chercheur en histoire au collège Simone-Veil de Lamballe. Il est aussi le président des Amis de la fondation pour la mémoire de la Déportatio­n. L’AFMD 22 participe, ce dimanche, aux cérémonies commémorat­ives.

« Raviver la mémoire est important, mais je n’aime pas trop la formulatio­n “devoir de mémoire”. C’est une injonction qui ne passe pas chez tout le monde. Pour autant, la mémoire est essentiell­e à la compréhens­ion de l’histoire », estime Jimmy Tual.

Lui a souvent sollicité la mémoire de sa grand-mère. Elle avait 20 ans pendant la guerre 39- 40. « Elle m’a raconté la rafle de Morlaix, l’arrivée des Allemands à Guingamp, les voisins déportés… À partir de ses souvenirs à elle, d’un récit vivant teinté d’émotion, j’ai voulu en savoir plus, pointer des dates et des faits. »

La démarche historique

Une démarche qui l’a incité à suivre des études universita­ires en histoire et à se spécialise­r sur cette période. Pourquoi la Déportatio­n ? « Un membre de ma belle-famille a été déporté. Je m’y suis intéressé puis je suis parti en quête des autres personnes déportées dans les Côtes- d’Armor.

Aujourd’hui, on en recense plus d’un millier. »

À la tête de l’AFMD 22, Jimmy Tual marche sur les traces de Pierre Klein et du résistant Yves Léon, qui a connu la barbarie des camps et qui a créé la

fondation pour la mémoire de la Déportatio­n.

« Comme j’ai fait beaucoup de généalogie précédemme­nt, j’aime me plonger dans les archives. Mais elles ont leurs limites. Souvent, je questionne les familles pour avoir les circonstan­ces de l’arrestatio­n. Quand un nouveau nom de famille émerge, on peut avancer dans l’enquête et le travail d’histoire. »

Chaque parcours de déporté est différent. Dans les familles concernées, l’émotion est encore très vive. Même quand on n’a pas tout raconté, « car il y avait une part d’indicible », des non- dits ont été transmis de génération en génération.

La vie dans les camps, le retour, les tatouages…

Un poids du passé dont on ne se libère pas si facilement. « Car les tatouages, les maladies au retour des camps, les amicales d’anciens déportés étaient bien réels. » Les témoins de la Seconde Guerre mondiale sont de moins en moins nombreux, le récit des déportés se fait rare. Yves Léon le reconnaiss­ait luimême, en 2015. « On n’a peut- être pas assez témoigné. Il faut lutter contre l’ignorance du passé. »

Ce dimanche, à 11 h, au monument départemen­tal de la Déportatio­n, place Saint-Michel, à Saint-Brieuc, cérémonie du souvenir de la Déportatio­n.

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| PHOTO : OUEST-FRANCE Jimmy Tual, historien et président des Amis de la fondation pour la mémoire de la Déportatio­n.

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