Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Ça bidouille et ça trifouille à tout âge au Fablab
À Lannion, le repaire de geeks des débuts est devenu l’antre de bricoleurs de tous poils. Les profils sont de plus en plus variés à mettre les mains dans le cambouis numérique !
Tournevis en main, Benjamin, Tim, Manon et autres minots du groupe « P’tits Makers » ont carte blanche pour disséquer l’appareil de leur choix. Et ils ne se font pas prier : ici un drone, là un jouet télécommandé ou même une imprimante 3D. Moteur électrique, vis-boulons- écrous, carte électronique… tout y passe. « Rien de tel que le montage- démontage pour comprendre comment ça se passe de l’intérieur ! », glisse Yann, venu avec son petit-fils.
En venant avec sa progéniture, ce grand-père, lui-même adhérent du Fablab de Lannion, contribue à la diversification de ce repaire de bidouilleurs informatiques, bricoleurs avisés ou artistes en quête de machines (découpeuse laser, imprimante 3D, brodeuse numérique, fraiseuse numérique…) pour donner corps à leurs idées.
Un repaire pas que d’ingénieurs
Créé en 2012, sur le modèle associatif autour d’un noyau d’ingénieurs, cet atelier de fabrication collaboratif a franchi un cap décisif dans son développement, en quittant, en 2021, le local de ses débuts, logé au sein du lycée Félix-Le-Dantec. Un déménagement qui a réussi au Fablab : « Son implantation dans le centre-ville a permis de diversifier le public », confirme Florian Vasseur, usager du Fablab pendant six ans avant d’en devenir le salarié, depuis septembre.
Facilité par « l’implication d’une quinzaine de bénévoles », le travail de ce passionné (initialement féru d’informatique) a fortement contribué à ouvrir grand les portes du Fablab, que poussent désormais de plus en plus de profils : les jeunes pour des
ateliers « P’tits Makers », par exemple, ou des étudiants comme Théo, rencontré autour de la découpe laser. « Je crée des jetons en composite de bois pour un festival », explique l’intéressé, affairé.
Avec les jeunes de la Mission locale, ce sont des enceintes Bluetooth ou des capteurs de particules fines qui ont pu être récemment fabriqués. Un dernier projet d’utilité publique, puisque « ces capteurs ont ensuite été installés en divers endroits du Trégor où la pollution est mesurée. Des données qui alimentent sur un portail une cartographie de relevés similaires, en temps réel », explique
Florian, appareils en main.
À force d’initiatives et d’animations, la fréquentation du Fablab s’est traduite par une hausse des effectifs, passés de 100 à 160 adhérents. Le défi consistant à « sortir de l’image de repaire d’ingé d’Orange ou Nokia » est relevé : les profils sont de plus en plus différents à mettre les mains dans le cambouis numérique. Restait à agir sur la sous-représentation des femmes : « Comme tout tiers- lieu technique, le Fablab n’échappait pas à cet obstacle. »
Il y travaille : « Pour renforcer la mixité, des ateliers dédiés aux femmes viennent d’être provisoirement
créés (luminaire, soudure autour de déco du jardin, textile…) », qui devraient leur permettre de pousser la porte plus facilement par la suite.
Mais les femmes ne sont pas toujours là où on les attend : à l’automne, pour son atelier de fabrication d’anneau en silicone pour la contraception masculine, la fréquentation du Fablab de Lannion s’avéra étonnamment et majoritairement… féminine !
Fablab, 6, rue du 73e Territorial, à Lannion. Contact : contact@fablablannion.org