Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
L’État se désengage-t-il trop en région ?
« Services publics, santé, taxes : les régions sont- elles sacrifiées ? » Sous ce titre, Capital dresse un panorama des défis croissants pour les collectivités et les administrés.
En quoi la réorganisation des services de l’État pénalise-t- elle les régions ?
Les collectivités territoriales voient leurs ressources diminuer, et leurs charges et leurs missions augmenter. L’État a annoncé la suppression d’un nouvel impôt local, la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises), après la taxe d’habitation et le long gel de la DGF (dotation globale de fonctionnement versée par l’État aux collectivités). Bureaux de poste, centres d’impôts, de Sécurité sociale, écoles, gendarmeries, gares ont été réduits, emportant une part du tissu social et économique. Les maires courent après les financements, les habitants, les médecins et les commerces de proximité.
Vous pointez la TGAP (taxe générale sur les activités polluantes) : pourquoi ?
Augmentée à la suite de l’accord de Paris sur le climat de 2015, la TGAP ou taxe d’enfouissement a pour objectif la réduction des déchets non recyclables. Une nécessité, mais dont la mise en oeuvre ne va pas sans poser de problèmes. La gestion des déchets, de
plus en plus coûteuse, repose sur les collectivités locales. Plus complexe, elle devient parfois très contraignante et mal adaptée. Et la Cour des comptes souligne que les familles les plus modestes sont proportionnellement plus impactées.
Quelles sont les contraintes pour les habitants ?
Dans l’intercommunalité de la HauteVienne où nous avons tourné, les habitants ont réduit de 40 % leurs déchets. Pour ce faire, ils reçoivent une dotation
de sacs-poubelle en fonction du nombre de personnes par foyer. Le sac supplémentaire est facturé. Les conteneurs sont fermés à clé. Et quand les parents viennent chercher leur enfant chez l’assistante maternelle, ils repartent avec le sac de couches sales ou doivent payer le coût supplémentaire de taxe d’enfouissement.
Hors des villes, l’État vient désormais en « ruralinette » ?
Le gouvernement a annoncé, mardi, qu’il allait créer 300 maisons France services supplémentaires. Il y en a aujourd’hui 2 700. Les collectivités en supportent les salaires, souvent le Smic, le loyer et l’électricité. Là où il n’y a pas de « maison », des « campingcars » France services, les « ruralinettes », sillonnent les départements pour aider les personnes, âgées ou sans ordinateur, à effectuer leurs démarches administratives. Le fossé numérique et l’isolement se sont creusés. Selon une étude de Familles rurales et l’Ifop en 2023, 60 % de la population rurale fait état d’une dégradation des services publics, 51 % ont le sentiment de ne pas ou peu en bénéficier.
Vous abordez aussi la désertification médicale : de quelle manière ? Les maires surenchérissent pour attirer des médecins, offrant maisons et voitures de fonction. Nous évoquons la navette aérienne mise en place par le maire de Nevers (Nièvre) pour acheminer les spécialistes de Dijon (Côted’Or). Et des initiatives individuelles, comme une ex-miss médecin, qui fait des remplacements itinérants avec son compagnon, kinésithérapeute, en camping- car. Enfin, nous posons la question du salaire (1 300 € pour les internes) des médecins à diplômes étrangers.
M6, 21 h 10.