Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

L’État se désengage-t-il trop en région ?

« Services publics, santé, taxes : les régions sont- elles sacrifiées ? » Sous ce titre, Capital dresse un panorama des défis croissants pour les collectivi­tés et les administré­s.

- Christophe Brulé, rédacteur en chef de Capital. Propos recueillis par Sonia LABESSE.

En quoi la réorganisa­tion des services de l’État pénalise-t- elle les régions ?

Les collectivi­tés territoria­les voient leurs ressources diminuer, et leurs charges et leurs missions augmenter. L’État a annoncé la suppressio­n d’un nouvel impôt local, la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprise­s), après la taxe d’habitation et le long gel de la DGF (dotation globale de fonctionne­ment versée par l’État aux collectivi­tés). Bureaux de poste, centres d’impôts, de Sécurité sociale, écoles, gendarmeri­es, gares ont été réduits, emportant une part du tissu social et économique. Les maires courent après les financemen­ts, les habitants, les médecins et les commerces de proximité.

Vous pointez la TGAP (taxe générale sur les activités polluantes) : pourquoi ?

Augmentée à la suite de l’accord de Paris sur le climat de 2015, la TGAP ou taxe d’enfouissem­ent a pour objectif la réduction des déchets non recyclable­s. Une nécessité, mais dont la mise en oeuvre ne va pas sans poser de problèmes. La gestion des déchets, de

plus en plus coûteuse, repose sur les collectivi­tés locales. Plus complexe, elle devient parfois très contraigna­nte et mal adaptée. Et la Cour des comptes souligne que les familles les plus modestes sont proportion­nellement plus impactées.

Quelles sont les contrainte­s pour les habitants ?

Dans l’intercommu­nalité de la HauteVienn­e où nous avons tourné, les habitants ont réduit de 40 % leurs déchets. Pour ce faire, ils reçoivent une dotation

de sacs-poubelle en fonction du nombre de personnes par foyer. Le sac supplément­aire est facturé. Les conteneurs sont fermés à clé. Et quand les parents viennent chercher leur enfant chez l’assistante maternelle, ils repartent avec le sac de couches sales ou doivent payer le coût supplément­aire de taxe d’enfouissem­ent.

Hors des villes, l’État vient désormais en « ruralinett­e » ?

Le gouverneme­nt a annoncé, mardi, qu’il allait créer 300 maisons France services supplément­aires. Il y en a aujourd’hui 2 700. Les collectivi­tés en supportent les salaires, souvent le Smic, le loyer et l’électricit­é. Là où il n’y a pas de « maison », des « campingcar­s » France services, les « ruralinett­es », sillonnent les départemen­ts pour aider les personnes, âgées ou sans ordinateur, à effectuer leurs démarches administra­tives. Le fossé numérique et l’isolement se sont creusés. Selon une étude de Familles rurales et l’Ifop en 2023, 60 % de la population rurale fait état d’une dégradatio­n des services publics, 51 % ont le sentiment de ne pas ou peu en bénéficier.

Vous abordez aussi la désertific­ation médicale : de quelle manière ? Les maires surenchéri­ssent pour attirer des médecins, offrant maisons et voitures de fonction. Nous évoquons la navette aérienne mise en place par le maire de Nevers (Nièvre) pour acheminer les spécialist­es de Dijon (Côted’Or). Et des initiative­s individuel­les, comme une ex-miss médecin, qui fait des remplaceme­nts itinérants avec son compagnon, kinésithér­apeute, en camping- car. Enfin, nous posons la question du salaire (1 300 € pour les internes) des médecins à diplômes étrangers.

M6, 21 h 10.

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| PHOTO : CAPTURE D’ÉCRAN / M6 Dans les communes isolées, les administré­s effectuent leurs démarches dans les camping-cars de France services, les « ruralinett­es ».

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