Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Le kouign-amann, des origines finistérie­nnes ou danoises ?

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La paternité du kouign- amann – « gâteau de beurre » en breton – est revendiqué­e par les habitants de Douarnenez (Finistère). Ce gâteau feuilleté de forme ronde, à la texture dense, très riche en beurre et caramélisé aurait été créé vers 1860 par le boulanger Yves- Marie Scordia. Des chercheurs ont, pour leur part, émis l’hypothèse d’une origine nordique : au XIXe siècle, Douarnenez entretenai­t en effet des relations commercial­es avec certains ports danois où ce type de douceur aurait été confection­né.

Le Finistérie­n François Habasque décrit, en 1832, un gâteau qu’il a vu dans le Léon. Confection­né avec de la pâte à pain et du beurre, il était appelé bara amanéned (« pain avec du beurre ») par les locaux. Peutêtre s’agissait- il d’un cousin ou d’un ancêtre du kouign- amann. Toutefois, ce dernier est bien plus complexe à réaliser qu’un simple gâteau beurré…

Farine, oeufs, sucre, lait et beurre

Il faut commencer par préparer une pâte à pain qu’on laisse fermenter. Puis on l’étale de façon à former une galette épaisse au centre de laquelle on dépose un mélange de beurre et de sucre. Ce mélange est

progressiv­ement incorporé en réalisant un « tourage » de la pâte (succession de pliages et d’aplatissem­ents), à la façon d’une pâte feuilletée. Cette technique délicate donne au gâteau sa texture, à la fois fondante à l’intérieur et caramélisé­e et craquante (dans tous les sens du terme) à l’extérieur. Jadis, les boulangers- pâtissiers confection­naient de très grands kouign-amann qui pouvaient nourrir vingt, voire trente convives lors de festivités.

Riche en beurre demi- sel (au moins 20 %) et de texture friable, le gâteau breton ressemble à un gros sablé dont la croûte jaune brillant est décorée de croisillon­s dessinés à la fourchette. Il est parfois fourré à la crème de pruneaux ou au caramel- beurre salé.

En 1890, Pierre Lacam en donne pour la première fois une recette, sous le titre de « pâte brisée à breton ». Il le qualifie de « gâteau des rois de toute la Bretagne ». Il précise que « dans le Morbihan, ils font toutes sortes de dessins ». Ces croisillon­s tracés sur le dessus permettaie­nt de détailler plus facilement le gâteau qui, lorsqu’il était confection­né pour des noces, avait un très grand diamètre. Les invités recevaient des losanges entiers tandis que l’on distribuai­t au personnel de service et aux pauvres les morceaux du pourtour, plus secs et plus petits.

Partout, les ingrédient­s de base sont les mêmes – farine, oeufs, sucre, lait et beurre – mais, selon les localités, le gâteau breton peut comporter des pommes, de la compote de pruneaux, des cerises, etc. Aujourd’hui, il est parfois agrémenté de raisins secs, de fruits confits (écorce d’orange, angélique…) ou de poudre d’amandes.

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| PHOTO : MARC OLLIVIER / ARCHIVES OUEST-FRANCE Un kouign-amann.

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