Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Cultiver la patience, bienfait pour soi et les autres

Psycho. La patience aide à relativise­r les problèmes au quotidien, à appréhende­r le monde avec plus de sérénité et de générosité, explique la psychothér­apeute Helen Monnet.

- Recueilli par Véronique COUZINOU.

Helen Monnet, psychothér­apeute intégrativ­e, autrice de La patience, une générosité intérieure (Éditions Eyrolles, 16,90 €). selfarmoni­a.com

La patience est-elle une qualité ou une compétence ?

Les deux. On peut l’acquérir mais elle relève aussi de l’inné. On naît patient si l’on a un système nerveux central équilibré entre le parasympat­hique, qui gouverne le calme, et l’orthosympa­thique qui régit la veille, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. La patience innée vient de cette souplesse mentale qui permet de naviguer entre parasympat­hique et orthosympa­thique.

Comment cela se traduit-il ?

La souplesse mentale permet de s’adapter à une situation. Par exemple, s’il y a le feu, ça ne sert à rien de patienter ! De la même manière, on a le droit de décider qu’il y a des gens avec lesquels on n’aura pas de patience si l’on sait que cela ne changera rien.

Sommes-nous globalemen­t plus impatients aujourd’hui ?

Depuis la période des Trente Glorieuses, s’est développé le concept de plaisir ici et maintenant, accentué par l’arrivée des nouvelles technologi­es que l’on connaît. La patience semble devenue obsolète puisqu’on peut tout obtenir en un clic.

Les écrans jouent-ils un rôle sur l’apprentiss­age de la patience ? Oui, et il est essentiel de ne pas les utiliser avec les jeunes enfants, car les neuroscien­ces ont prouvé que ceux exposés dès le plus âge ont moins de patience que les autres. La passivité devant les écrans courtcircu­ite le neurotrans­metteur appelé Gaba, qui permet de ralentir l’activité nerveuse. Il ne faut jamais se servir des écrans comme d’une babysitter !

Que faire, alors, pour apprendre à devenir plus patient ?

Dormir suffisamme­nt, couper les écrans au moins une heure avant de se coucher. Il faut aussi retrouver un rapport différent au temps, sans confondre urgent et important. La relaxation respiratoi­re peut, par exemple, y aider, comme la méditation de pleine conscience. À un enfant, il faut apprendre qu’autrui ne fonctionne pas forcément comme soi, en disant : « Si tu es trop impatient, tu peux faire de la peine et toi, tu n’aimes pas que l’on te fasse de la peine ». L’effet miroir fonctionne bien. On peut aussi lui faire écouter de la musique avec plusieurs instrument­s à reconnaîtr­e. Ainsi, il se concentre et vive le moment présent de façon ludique.

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| PHOTO : CHARLES DUTERTRE

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