Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Des plantes pour attirer les papillons
Argus, paon- du-jour ou belle- dame, les papillons se meurent, hermite en tête. Vous disposez d’un jardin ? Vous pouvez inverser la vapeur.
Dans le sud de la France, Arthur « élève » des papillons. Une passion en même temps qu’un acte de résistance. « En France métropolitaine, 66 % des espèces de papillons de jour ont disparu d’au moins l’un des départements où on les trouvait communément au siècle dernier, tempête-t-il. En Grande-Bretagne, ce sont 80% des papillons qui se sont éteints en cinquante ans. »
Alors Arthur plante : des buddleias – le bien (sur)nommé arbre à papillons –, de la verveine de Buenos Aires, un lantana ici, un rudbeckia, là… Ou plutôt il a planté : « Après quatre ans de travail à cultiver des espèces végétales choisies, j’ai vu les papillons revenir. Aujourd’hui, plusieurs dizaines d’espèces colonisent mon jardin : sphinx, petit sylvain, petit mars changeant, machaon… »
Papillon, mode d’emploi
C’est que la sélection végétale de notre lépidoptériste va bien au- delà des plantes que nous venons de citer. Et pour cause : les papillons – et leurs
chenilles – sont pour la plupart monodiètes. « Les chenilles du paon- du-jour, par exemple, ne mangent que des feuilles d’ortie et les imagos (papillons adultes) ne pondent que sur des orties. En fait, chaque espèce de papillons étant inféodée à une famille de végétaux (plan
tes hôtes), si vous souhaitez donner un vrai coup de pouce aux lépidoptères, il faut planter le plus varié possible. »
Varié et local, puisque les espèces végétales exotiques n’attireront pas nos papillons indigènes : « Semez de la bourrache, du lotier, des mauves, des marguerites, enchaîne Arthur. Et plus largement, des plantes à fleurs, généreuses en nectar, où les imagos pourront se restaurer. Plantez de la marjolaine et de l’origan – le demi- deuil et les argus en raffolent. Côté arbres, les prunelliers, le chêne, le saule, le peuplier, et surtout le tilleul, qui attire de nombreuses espèces, constitueront des sujets de choix. »
Entre monocultures intensives et emploi de pesticides, la principale cause du déclin des papillons résidant dans la destruction systématique de leur habitat (prairies et milieux humides notamment), Arthur recommande d’utiliser avec plus de parcimonie le coupe-bordure et la tondeuse. « Orties, chardons, ombellifères… Sachez accueillir les sauvages dans votre jardin et laissez un petit bout de votre terrain monter en herbe, à la façon d’une prairie fleurie. Vous ne devriez pas avoir à attendre longtemps avant de voir des papillons rappliquer… »