Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Davies : « Quatre bateaux seront durs à battre… »

La skippeuse anglaise Samantha Davies prendra le départ ce dimanche (13 h 30). Après sa belle année 2023, la navigatric­e veut faire le plein de confiance avant le Vendée Globe.

- Samantha Davies, 49 ans, skippeuse Initiative­s- Coeur. Recueilli par Juliette MICHENAUD.

Vous vous apprêtez à reprendre la mer après plusieurs mois de chantier. Vous avez hâte ?

Oui, j’ai hâte ! Ma dernière transat, Retour à la Base en décembre, s’est bien passée (6e). Je suis contente de ma saison 2023, donc ça rend cette rentrée moins stressante. J’avais l’impression de ne plus avoir fait de course à fond en solitaire depuis super longtemps. Depuis quatre ans, presque !

Comment appréhende­z-vous

The Transat ?

Nous les Imoca, on a quelque chose d’encore plus gros à la fin de l’année : un tour du monde en solitaire ! Donc cette transat, c’est comme un échauffeme­nt. Mais c’est tout de même un gros morceau ! Elle est tôt dans la saison, il fait froid, les conditions seront dures. Tant mieux, puisque je cherche à tester mon bateau. Si quelque chose doit casser, c’est bien que ça soit maintenant, on a encore le temps avant le Vendée Globe. J’ai presque envie de ne pas faire attention sur ces deux transats (Sam Davies prendra ensuite le départ de New York Vendée - Les Sables, le 29 mai), pour que, quand je partirai autour du monde, j’aie confiance. J’ai de la chance : peu de skippers sont dans ma situation,

sans pression. Beaucoup ont un enjeu de qualificat­ion pour le Vendée Globe et doivent absolument terminer une transat. Moi, je dois simplement passer la ligne de départ.

Quels sont vos objectifs sur cette transat ?

Il y a quelques années, si tu avais un bateau pas mal, tu avais quasiment la garantie de terminer dans le top 5. Ce n’est plus du tout pareil désormais ! On peut avoir un bon bateau et termi

ner 15e. Avec mon équipe, on a fait un travail de comparaiso­n des duos skipper-bateau. D’après nos calculs, sur The Transat CIC, il y a un groupe de quatre bateaux qui seront durs à battre, sur le papier. Ensuite, entre la 5e et la 11e place, on juge qu’on est équivalent. Je me situe ici. Il y a aussi un groupe pas loin derrière, puis le groupe des bateaux plus anciens, sans foils. Normalemen­t, si je me retrouve avec eux, c’est que j’ai un problème sur mon bateau.

Vous êtes en tête du nombre de milles parcourus depuis 2021…

Je suis l’une de ceux qui ont le plus navigué, oui. J’ai vécu un Vendée Globe difficile il y a quatre ans, avec une collision, je me suis fait peur. En 2022, on a changé de bateau, ma vie personnell­e a aussi changé. Mon année a été hyper dure, et j’ai cherché à naviguer à bloc. C’était la bonne réconcilia­tion. J’avais besoin de ça, de naviguer beaucoup.

Pourquoi avez-vous changé les foils de votre bateau cet hiver ? Les anciens étaient très bien aussi. Traditionn­ellement, quand on traverse l’Atlantique Nord, il peut y avoir des collisions avec des objets. Avec un tel risque, on peut se dire qu’une partie de la flotte va casser des foils. Et il n’y a pas le temps entre maintenant et le départ du Vendée Globe pour en fabriquer une nouvelle paire. Vu l’enjeu, c’était trop risqué de ne pas avoir de paire de secours. C’est un point faible de notre flotte sans doute. Il faudrait peut- être rendre obligatoir­e quelque chose qui fait qu’on peut interchang­er nos foils. Les emplacemen­ts dans nos bateaux ne sont pas les mêmes, donc on ne peut pas juste louer le foil de quelqu’un d’autre, ça ne rentrerait pas. Mais ça rend aussi la chose plus intéressan­te, c’est ce qui crée des différence­s de performanc­e.

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| PHOTO : JOËL GALL / OUEST-FRANCE Samantha Davies, engagée sur Initiative­s-Coeur.

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