Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
EL’esprit Coubertin tire à vue sur la France aux JO
Pour le héros. Benjamin Voisin vaut le détour en champion de tir neuneu, seul espoir de médaille pour la France aux Jeux olympiques. Le premier film de Jérémie Sein manque toutefois de souffle.
Oubliez son rôle de jeune ambitieux romantique dans Illusions perdues, de Xavier Giannoli. Coupe au carré, petit bouc, air idiot, Benjamin Voisin est méconnaissable en gendarme champion de tir débarquant aux Jeux de Paris 2024, dans L’esprit Coubertin, qui sort sur les écrans le jour de l’arrivée de la flamme olympique à Marseille.
L’innocent (à tous points de vue), est flanqué d’une coach autoritaire, dont il est vaguement amoureux : l’actrice et réalisatrice Emmanuelle Bercot, complètement déjantée. Rivaldo Pawawi joue son voisin de chambrée, Grégoire Ludig (du Palmashow) le patron des sports français. Jérémie Sein, membre de l’équipe de la série Parlement, est le réalisateur de cet « antifilm de sport ».
L’histoire
« On vient, on gagne, on s’en va », telle est la devise de Paul. Après dix jours d’épreuves où la France accumule les fiascos, ce neuneu arrive au village olympique en incarnant le dernier espoir de médaille française. Il y croit. C’est sans compter sur un nageur qui atterrit dans son studio après avoir été chassé de sa chambre par des puces de lit américaines, collectionne les conquêtes et veut introduire une pincée de politique aux Jeux.
dBlaga’s Lessons
Pour la farce noire. Ce film bulgare commence sous très haute tension par un plan-séquence haletant. Dans son appartement, une femme seule répond à un appel téléphonique et se retrouve soudain prise au piège d’un chantage qui l’oblige à se délester de toutes ses économies. Une fois consciente de s’être fait flouer, Blaga, ancienne enseignante au fort tempérament, décide de coopérer avec ses ravisseurs devenant l’une de leur complice. À l’instar de son film Taxi Sofia en 2017, le cinéaste Stephan Komandarev ausculte la crise existentielle d’une société bulgare coincée entre les vestiges d’un passé ombrageux, que d’aucuns continuent d’idéaliser (le régime communiste), et un présent incertain, où règne une forte corruption. À cheval entre ses deux « mondes », Blaga incarne à elle seule cette instabilité morale qui l’oblige à agir contre ses principes par pur individualisme. La mise en scène tout en tension dessine les contours d’un thriller social sans concession. 1 h 54. (Thomas Baurez)
On aime
L’interprétation bluffante de Benjamin Voisin ; le côté BD, absurde de l’histoire ; la critique de l’esprit de compétition et des clichés des commen
eUn homme en fuite
Pour le duo d’acteurs. Gamins passionnés par L’Île au trésor, Paul et Johnny, l’enfant d’une famille bourgeoise et le bad boy prolo, étaient inséparables à Rochebrune où ils ont grandi. Mais, un jour, un événement tragique les a séparés, changeant leur destin à jamais. Johnny est resté à Rochebrune, Paul en est parti pour devenir écrivain, avec une dette à payer… L’entame de ce premier longmétrage marque son retour dans un village sous haute tension alors que son usine est sur le point de fermer ses portes et que Johnny, leader radical de la contestation, a disparu après avoir braqué un fourgon. Construit en flash- back et flashforwards, Un homme en fuite raconte, tout à la fois, la quête de Paul pour le retrouver et les événements qui ont conduit à les éloigner des années plus tôt. Remarquablement incarné par Bastien Bouillon et Pierre Lottin, ce film souffre hélas d’une succession de rebondissements trop maladroits et capillotractés pour tenir jusqu’au bout la tension qu’il ambitionne. 1 h 31. (Thierry Cheze) tateurs sportifs.
On aime moins
L’humour des dialogues et des situations est souvent plus régressif que subversif. Après avoir bien
dFilm annonce…
…d’un film qui n’existera jamais : Drôles de guerres Pour l’expérience. Avec Scénarios qui sera présenté lors du Festival de Cannes, ce Film annonce d’un film qui n’existera jamais est l’un des deux courts-métrages posthumes que Jean- Luc Godard, décédé en septembre 2022, aura laissé au monde. Sous- titré Drôles de guerres, il peut se voir comme la présentation d’un longmétrage fantasmé, adaptation du roman Faux passeports de Charles Plisnier, prix Goncourt 1937. Au coeur de ce collage où se télescopent images et sons, on entend la voix caverneuse de l’auteur du Mépris expliquer ses intentions : « J’ai été intéressé par ces portraits imaginaires ou réels de quelques militants communistes que l’auteur avait connus vers 1920. C’était plus comme un peintre en littérature. Il faisait des portraits de visage ou d’allure… » Il est émouvant de voir la vitalité avec laquelle jusqu’à son dernier souffle, Godard aura cru à la puissance d’un art qu’il refaçonnait sans cesse. Une curiosité. 20 min (T. B.)
campé la plupart de ses protagonistes, L’esprit Coubertin s’essouffle avant la ligne d’arrivée et reste, somme toute, une comédie très potache.
Et aussi
Pascale VERGEREAU.
Super Lion
Evie, une gamine timide et maladroite persuadée que son père est un super-héros, se retrouve embarquée dans de folles aventures. Le Norvégien Rasmus A. Sivertsen signe, avec Super Lion, un film ludique et plein d’action, sous influence des Indestructibles. (1 h 16)
Wake up
Un veilleur de nuit déséquilibré met tout en oeuvre pour chasser un groupe d’activistes écolos du magasin de meubles dont il a la surveillance, où ils se sont infiltrés. Une chasse à l’homme aussi sanglante que déjantée. Un film d’horreur signé du trio composé de François Simard, Anouk Whissell et Yoann- Karl Whissell. (1 h 23)
La vie selon Ann
Le quotidien d’une trentenaire adepte des relations sexuelles extrêmes où elle se soumet à différents amants. Une comédie qui se rêve transgressive mais qui suscite surtout un profond sentiment d’ennui. (1 h 28)