Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
La révolte du ghetto de Varsovie inspire les lycéens
Quarante-neuf lycéens de Montfort-sur-Meu (Ille- et-Vilaine) ont été primés par le concours national de la résistance pour leur travail collectif de sur l’insurrection du ghetto juif de Varsovie en 1943.
« Souvent, on a cette image que les Juifs n’ont pas beaucoup résisté face aux Nazis. Ce n’est pas exact. C’est ce que j’ai découvert en étudiant l’histoire de l’insurrection du ghetto de Varsovie », souligne Anaëlle, 17 ans. Elle fait partie des 49 élèves de première et de terminale du lycée René- Cassin de Montfort-surMeu (Ille- et-Vilaine) qui ont reçu, mercredi à Rennes, le premier prix académique du concours national de la résistance etr de la déportation pour leur travail sur cette page d’histoire de la Seconde Guerre mondiale.
Une maquette du ghetto
Le projet a démarré en octobre 2023 à l’instigation de deux professeures d’histoire- géographie de l’établissement, Céline Andrieu et Cécile Gaillard. Le thème général du concours était : « Résister à la déportation en France et en Europe. » Les lycéens de Montfort- sur- Meu ont choisi de s’intéresser à l’histoire de l’insurrection du ghetto de Varsovie après avoir écouté une émission de France- Culture à laquelle participait l’historien français Tal Brutmann, spécialiste de la Shoah.
À partir de textes et de photos, ils ont retracé la révolte armée de la population juive du ghetto de Varsovie contre les forces d’occupation
allemandes entre le 19 avril et le 16 mai 1943. Ils se sont appuyés sur des sources diverses, dont certaines découvertes début 2023. Il s’agit de photos prises par un pompier polonais en intervention lors du soulèvement. Des photos très rares, car ce sont les seules qui n’ont pas été prises par les Nazis pour servir leur propagande.
Le ghetto de Varsovie n’abrite plus que 70 000 Juifs polonais, début 1943, quand les autorités allemandes décident de le « liquider » et d’accélérer la déportation de ses derniers habitants vers les camps d’extermination. C’est alors que des centaines combattants juifs, pour la plupart très jeunes, s’opposent au plan des Nazis, préférant mourir l’arme à la main plutôt que dans une chambre à gaz. Il faudra quatre semaines de très durs combats pour venir à bout de cette résistance inattendue. « Des photos montrent ces résistants face aux soldats nazis. Ils ont le regard fier et la tête haute, souligne Elouan, élève de terminale. Ils sont morts debout. »
Les lycéens ont notamment réalisé une maquette du ghetto de Varsovie abritant des photos légendées qui questionnent la notion de résistance. Celia, qui envisage de s’orienter vers des études d’architecture, a piloté la réalisation de la maquette comme cheffe de projet à la tête d’une équipe de douze lycéens et lycéennes. « Ce concours a permis à la classe de se fédérer autour d’un projet, se réjouit Céline Andrieu. Celui- ci a aussi permis à certains élèves de révéler des talents cachés. » La leçon d’histoire, elle, marquera sans doute les esprits des lycéens de Montfort- sur- Meu. « Ils ont énormément appris. Ils ne savaient pas ce qu’étaient les ghettos juifs de la Seconde Guerre mondiale. » L’aventure n’est pas terminée. Le projet des lycéens de Montfortsur- Meu va maintenant partir pour Paris où un jury se réunira en septembre pour désigner les lauréats nationaux du concours.