Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Ce passionné reconstruit un moulin du Moyen Âge
Jean- Claude Jestin, vétérinaire à Paimpol, rénove, avec l’aide d’un lycée à Quintin, et de Compagnons, un ancien moulin à Pleubian. Il compte en faire « une éolienne moderne ».
Caché derrière les herbes folles, face au sillon de Talbert, le moulin à vent du Crec’h Katell avait quasi disparu du paysage. Erigé vers 1300, il a vu, au fil des ans, ses pierres être démontées et jetées plus loin, quand d’autres ont été simplement pillées pour construire d’autres maisons, laissant la végétation reprendre sa place. Et faisant oublier l’histoire de cette bâtisse, plantée dans la commune de Larmor- Pleubian. C’était sans compter Jean- Claude Jestin, à Paimpol.
Le vétérinaire a hérité du site il y a plusieurs années d’une famille du coin qui, vu les complications pour sa réhabilitation, a préféré lui confier l’avenir du bâtiment. Banco. « Cela a été un gros coup de coeur car il était sous les ronces quand je suis venu la première fois. Il avait été tellement oublié qu’il en avait disparu du cadastre », se souvient- il, prenant aussitôt contact avec l’Association de sauvegarde des moulins bretons. Un architecte vient sur le site, retrace l’histoire du bâti et étudie la faisabilité et le coût d’une restauration complète du lieu.
Le projet est estimé à environ 500 000 €. « L’idée est de remettre en état le moulin avec les techniques d’avant, et de pouvoir produire, cette fois- ci, de l’électricité », explique le propriétaire qui compte ajouter sur l’édifice des ailes et « une turbine ».
« Un lieu d’intérêt culturel »
Pour ce chantier, Jean- Claude Jestin se rapproche de l’architecte des Bâtiments de France, sans qui, la Fondation de Patrimoine, qui peut aider
financièrement celles et ceux qui réhabilitent un site remarquable, ne peut donner son aval. Problème, le Paimpolais obtient une fin de non-recevoir du premier. Il n’y aura donc, par ricochet, pas d’aide de la Fondation du patrimoine.
C’est l’incompréhension pour JeanClaude Jestin pour qui, le moulin « a fait partie du paysage depuis des siècles » et est « inscrit sur les cartes postales ». Le maire de Pleubian, Loïc Mahé, lui, se dit séduit par le projet et accepte le permis de réhabilitation du vétérinaire.
« Le lieu a une vue superbe sur tout l’archipel de Bréhat, le Trieux, le Jaudy. Cela me semblait heureux et
positif de permettre ces travaux », commente-t-il. « L’idée, c’est d’en faire un lieu d’intérêt culturel. » Aujourd’hui, si le financement vient de ses propres fonds, « Jean- Claude Jestin est en règle pour ses travaux », indique l’édile. Pas question d’arrêter là.
« On travaille par tranche de 30 000 à 60 000 € par an », renseigne le Paimpolais qui a vu, en premier, la base de son moulin remise quasi à son identique. Sur place, des Compagnons du devoir de l’entreprise Arc’had ont ajouté, début mai, un échafaudage pour poursuivre la restauration. « On va mettre le premier étage, le toit, puis les ailes et la turbine », indique le passionné qui a aussi fait appel à Jean-Yves Savidan, du lycée professionnel Jean-Monnet, à Quintin, et tailleur de pierres. « Nos élèves travaillent sur la charpente. On parle de 10 tonnes de bois noble. »
L’ouvrier, aussi Meilleur ouvrier de France, table sur « trois à quatre ans » de travaux et selon les financements, avec à la clé, pourquoi pas, des visites d’école. Une chose semble donc certaine pour Jean- Claude Jestin : « le moulin reviendra sur les cartes postales », promet-il.