Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Une plongée dans l’histoire du Ruth
Le moment d’histoire. Amarré au port de Paimpol, le voilier Ruth est ouvert aux visites les après-midi des week-ends de mai et de juin. L’occasion de découvrir la vie passée de ce caboteur centenaire.
Il porte le prénom d’une femme et gonfle ses voiles depuis plus de cent ans. Ruth, l’ancien caboteur suédois amarré au port de Paimpol depuis octobre 2022, se visite tous les weekends de mai et de juin. L’occasion de découvrir les tranches de vie de ce navire qui a bourlingué en mer Baltique.
Tout commence en Suède, à l’orée de la Première Guerre mondiale. Dans le sud, le comté de Scanie se distingue par son littoral et ses embruns iodés, ses villages de pêcheurs aux cabanes rouges de Falun. C’est dans l’une de ces bourgades que le Ruth voit le jour.
Du transport de marchandises au charter de personnes
« Il a été construit à Råå, en 1914. Il appartenait à un groupement de propriétaires et porte le prénom de la femme de Sven Pette Persson, l’armateur majoritaire », détaille Laurent Belleudy, l’actuel capitaine du Ruth et ancien employé de la Brittany Ferries. Il poursuit : « Il y avait trois marins à bord, deux matelots et un patron… Une petite équipe pour un tel bateau ! » Il est motorisé huit ans après sa construction, en 1922.
Le voiler de 20 mètres de long est d’abord destiné au cabotage, c’est-àdire à l’acheminement de marchandises le long des côtes. « Il desservait à
peu près toute l’Europe du Nord, principalement la région de la Baltique », précise Laurent Belleudy.
Le Ruth transporte des produits de toutes sortes. « Des cargaisons de grès et de céramiques, ainsi que des céréales, du charbon, des bois de construction, du sel, du poisson déclassé », énumère Laurent Belleudy. Mais dans les années 1960, le caboteur devient « obsolète ». Le capitaine explique : « Le Ruth était devenu trop lent, trop difficile à charger et à décharger. Plus personne n’en voulait. »
Heureusement, le gréement trouve des sauveurs : la famille Bjork. Une fois restauré en 1964, ce ketch aurique Galéas (voilier à deux mâts, dont le grand mât est situé à l’avant, N.D.L.R.), commence sa nouvelle vie de « charter ».
Avec cinq cabines, l’activité de transport de personnes prospère en Suède, jusqu’en 2005. Le Ruth est ensuite racheté par le britannique Cli
ve « Topsy » Toner, un ancien coordinateur maritime pour l’industrie cinématographique. En Cornouailles, le ketch poursuit ainsi son activité de charter et prête son décor pour le cinéma ou la télévision anglaise… Il hérite même du mât d’artimon du Black Pearl, le fameux bateau du film Pirates des Caraïbes !
En 2020, le caboteur séduit plusieurs investisseurs, dont Laurent Belleudy. Ils l’achètent par le biais d’une société à actions simplifiée (SAS). Le caboteur passe alors sous pavillon français et est acheminé en Bretagne.
En 2022, les investisseurs créent l’association Les Amis de Ruth. Aujourd’hui composée d’une trentaine de membres, son objectif est de le faire naviguer et de « sensibiliser au patrimoine maritime matériel », rapporte Laurent Belleudy.
Le Ruth participe alors à des manifestations maritimes importantes, et des visites gratuites sont organisées
à bord. Mais son entretien a un coût, et pas des moindres : « 55 000 € par an », précise Laurent Belleudy. « On est donc à la recherche d’un sponsor, d’une entreprise qui aimerait associer son image au Ruth », glisse le capitaine.
D’ici là, les visites du Ruth ont lieu les jours fériés, et tous les week- ends du mois de mai et de juin, de 14 h à 18 h. « Il est aussi possible de visiter le bateau en juillet et en août, quand il est à quai », conclut Laurent Belleudy.
Visites gratuites du Ruth, au bassin de radoub, à Paimpol. Week- ends de mai, de juin et les jours fériés, de 14 h à 18 h 30 à 45 min. Contributions acceptées. Contact : tél. 06 84 79 38 38 ou lesamisderuth@gmail.com. Possibilité de faire un don via HelloAsso.